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    Au moment où on l’installa dans la machine, il commença seulement à se demander si en acceptant de servir de cobaye, il n’avait pas fait une erreur, pour ne pas dire une connerie. Mais après tout, ça n’en ferrait qu’une de plus. Il finissait par en avoir l’habitude, Il s’y était abonné depuis longtemps. Depuis tout petit déjà, il n’avait aucune conscience du danger. Un vrai cas pathologique disaient certains médecins. Probablement un besoin de provoquer la monté d’adrénaline que son corps ne savait peut être pas fabriquer avaient-ils supposé. Un cas intéressant en avaient concluent d’autres.

     Un fou, un vrai. Il prenait la ville pour un terrain de jeu, ou une piste de cirque.

    Il ne comprenait pas pourquoi il fallait demander la permission pour faire du saut à l’élastique sur un pond en ville, ou pour faire de la varappe sur un édifice public.

    Il avait adoré le jour où il était parti en deltaplane du haut de la plus haute tour et où il avait survolé le flot des voiture, ou cet autre où il s’était jeter du haut d’un des pilonnes d’un pont suspendu avec un costume style chauve souris qu’il avait confectionné lui-même… Bon d’accord, cette fois ci il avait failli mourir noyé, mais quel pied !

    S’il avait pu, il aurait joué les funambules sur les fils à haute tension.

     

     

    A force de faire ses pitreries, il avait fini par faire un séjour en prison. Pourtant il avait été prévenu de nombreuses fois. La peine n’était pas bien grande, juste histoire de:

     « …Vous remettre les idées en place et de vous faire admettre que la loi c’est la loi, et que les règles établies doivent être respectées ! » lui avait dit la juge à la voix de crécelle !

    « Quelle grosse conne ! »

     Il n’était encore qu’un jeune étudiant, mais elle avait refusé d’en tenir compte. Bon d’accord, il reconnaissait que la dernière de ses “expériences’’, comme il les appelait, avait provoqué un bel accident qui avait faillit démolir plusieurs personnes Il avait reproduit le coup du delta-plane au dessus des voitures. Mais cette fois il avait décidé de se munir d’une fusée de sa fabrication accrochée à son dos pour aller plus vite. Résultat : un bel atterrissage forcé en plein trafic sur le dos d’un motard qui n’avait pas du tout, mais alors pas du tout apprécié. Il avait encore des equimoses sur le visage quand la juge l’avait jeté aux orties. Comme si la prison rendait meilleurs. L’ennui c’est qu’on y mélange n’importe qui, n’importe comment. Les inoffensifs comme lui, avec des criminels dangereux.

    C’est comme ça qu’il avait jeté sans le vouloir son avenir à la poubelle.

    Au début, il avait cru devenir fou.

    Claustrophobie !

    Il avait besoin de sensations fortes, de liberté, de prendre des risques, de voler comme un oiseau. Il lui manquait sa dose d’adrénaline.

    Il aurait pu déprimer complètement mais c’était une vraie tête de mule, et il avait su trouver ce qui lui manquait. La prison lui avait offert un autre terrain de jeux.

     

    Finalement, il avait comblé son manque d’adrénaline par de nouvelles expériences, y compris artificielles.

    La prison l’avait transformé en une bête féroce toujours prête à faire le coup de poing. Il savait comment provoquer, et comment répondre aux provocations. Il avait élaboré sa propre technique de combat. Après avoir été la risée de la meute enfermée, il en avait acquit l’admiration. Du moins, c’est ainsi que son égo le percevait. En peu de temps il avait appris à être un caïd, ce n’était plus le même homme. Parfois il le regrettait, mais il avait sa dose d’émotions fortes, et cela le réconfortait.

    Il avait fini de se détruireen plantant un couteau improvisé dans le ventre d’un sale type, un peu trop “entreprenant’’. Il y avait gagné un allongement de sa peine.

    Ses études, ses projets d’avenirs… Terminés !

    Mais sa réputation de type complètement barge, lui avait sauvé la mise. Son histoire avait glissée dans l’oreille d’il ne savait qui, et un jour, on lui avait proposé de participer à quelques expériences scientifiques en échange d’une libération prématurée. Il avait accepté sans réfléchir (comme s’il savait le faire). Plus vite il serait libre, plus vite il pourrait reprendre ses “divertissements’’ favoris. Il avait hâte de recommencer, car il souffrait de terribles migraines, sauf quand il mettait sa vie en danger. L’adrénaline provoquée semblait être un remède efficace. De plus, on lui avait certifié que les tests “absolument inoffensifs’’ auxquels il allait participer   devaient aboutir à l’élaboration d’un anti migraineux.  

    C’est à cause de ces fichues migraines qu’il s’était fait piéger. Il avait accepté le protocole. Il n’était pas contre le fait d’être le premier à bénéficier d’un traitement révolutionnaire.

    Il avait vite compris qu’on s’était foutu de lui.

    Il n’était qu’un inconscient qui aimait relever les défis les plus dangereux et les plus loufoques pour ne pas dire les plus cons Mais là, il avait dépassé les bornes.

     

    à suivre >>

     

    à suivre

     


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    La position n’était pas inconfortable bien au contraire. Sous sa coupole de verre, le siège faisait relax,
    Mais il n’appréciait pas du tout d’être sanglé comme un animal. Même si c’était « pour sa sécurité »
    Être le premier humain à voyager dans le temps lui avait paru excitant, mais le fait qu’on avait désiré un détenu
    pour le faire lui laissait un vague doute affreux. Pendant plusieurs jours on lui avait fait des misères. Des examens
    de toutes sortes avec des tonnes de prélèvements et d’injections. Vu l’habileté des infirmières, il avait vite comprit
    qu’il servait de “ terrain d’entrainement’’ aux nouvelles recrues. Heureusement pour lui il ne craignait pas trop la
    douleur.

    -Aïyeu !
    - Qu’est-ce que vous êtes douillet vous alors ! Lui beugla l’infirmière qui s’énervait sur son bras.
    « Pauvre grognasse ! »
    La « grognasse » venait de lui éclater une veine (encore une) en lui plantant une aiguille dans une veine du poignet.
    Il n’en avait plus beaucoup de disponible. Heureusement pour lui, il en avait une bonne réserve au départ. Des
    belles veines facilement piquables ! Maintenant il avait les bras enflés et couverts de bleus. Et les chevilles aussi
    car on avait commencé à lui attaquer les jambes. « Bande de nulles ! ».

    Pour tout arranger, il sentait qu’un mal de tête commençait à l’agacer. Ce n’était vraiment pas le moment.
    Il en souffrait depuis son enfance. Il ne se souvenait même pas de la première fois, il était trop jeune pour s’en
    rappeler.

    -Vous écoutez c’que j’vous dis oui ?! »
    Il se retourna vers l’acariâtre et lui décocha son plus beau sourire.
    -Te fatigue pas mon bonhomme, ça marche pas avec moi.
    « De toute façon vu ta tronche de bouledogue, je ne vois vraiment pas comment on pourrait en avoir envie »
    -Bon, reprit-elle, la perf’ est en place. Je vous fais l’injection, serrez des dents ça va chauffer un peu.
    « Aïe ! » Il pensa à toutes les fois où on lui avait promis que « ça ne faisait pas mal ». A chaque fois on lui avait
    mentit

    -Et il y a quoi dans vos sachets ?
    L’un contenait un liquide d’un jaune douteux et l’autre une substance noire qui semblait épaisse. Elle vérifia si les
    sachets remplis de liquides était bien accrocher, déclampa le tuyau relié au sachet jaunâtre en faisant tourner la
    mollette qui bloquait le liquide. Celui-ci commença à s’écouler goutte à goutte. Puis elle tourna les talons sans lui
    répondre. Il commençait à en avoir l’habitude. Un type affreusement ridé en blouse blanche s’approcha de lui :

    « On dirait un fromage qui serait resté trop longtemps dans la faisselle ».
    Impossible de savoir si c’était un médecin. Personne ne se présentait jamais.
    Le grand sec au visage de sharpeï examina le flacon l’air abstrait tout en tripotant un paquet de compresses défait
    qu’il tenait dans ses mains :

    -Celui qui commence à se diffuser contient plusieurs choses : De simples substances de confort, pour vous éviter
    les inévitables désagréments tels ; des crampes, nausées vomissement, douleurs oculaires, tremblements, sensation
    de brûlures et dans votre cas, des migraines. Vous voyez, nous n’avons pas oublié que vous souffrez de migraines.

    « Moi non plus, connard ! »
    Le triste paquet de compresses passait d’une main à l’autre du grand sec pendant qu’il donnait ses explications.
    Émeric reconnu que le produit était efficace car son mal de tête avait déjà disparu. On ne lui avait peut être pas
    complètement menti.

    L’homme en blouse blanche rangea les compresses à moitié défaites dans sa poche, en sortit un carré de tissus se
    moucha bruyamment et remit le morceau de tissus dans la même poche. De l’autre poche, il sortit une seringue et
    piqua le tuyau de la perfusion
    - là, j’y rajoute des nanoparticules qui éviteront que vous ne vous disloquiez pendant le voyage. Quant au deuxième sachet, le noir, il s’agit d’un traceur, afin de ne pas vous perdre. En principe ça devrait fonctionner…

    « En principe ? »
    …Nous pourrons ainsi vous ramener facilement si vous mettez trop de temps à revenir.
    -Comment ça si je mets trop de temps ? Le temps ne sera pas le même ici et « là bas ».
    -Ne croyez pas ça. Je vois qu’on ne vous a pas bien expliqué la chose…
    «ah ouais ?  Sans blague ! »
    …si vous pensez pouvoir passer plusieurs heures, voir plus, dans le passé et revenir ici dans cinq minutes dans
    le présent, vous vous trompez. Le temps que vous passerez « là bas » comme vous dites, sera exactement le même
    qui se déroulera ici. Si vous restez une heure là bas quand vous reviendrez ici, il sera exactement une heure plus tard. Et maintenant ouvrez la bouche.

    Emeric hésita surpris par cette demande.
    -Allez ouvrez ;
    Il obéit. (il n’avait guère le choix)
    L’homme à la tête de Sharpeï sortit le paquet de compresses de la poche au mouchoir et le lui colla de force dans
    la bouche.

    « Poche…mouchoir…Bêêêrrkk ! Vieux dégueu… »
    -Mordez ! Mordez fort lui dit-il en lui donnant une petite claque sur la joue.
    Puis il saisit la poche contenant la substance noire, et la pressa entre ses mains.
    La douleur fut instantanée, et horrible. Le corps du cobaye se tétanisa entièrement. Trois à quatre secondes pas plus
    mais il eut l’impression que ça avait duré longtemps, beaucoup plus longtemps. Le front en sueur, il reprit sa
    respiration qui s’était bloquée pendant ce court instant.

    -Ça va ?
    Tout son corps vibrait à l’intérieur, mais ça ne ce voyait pas.
    -Respirez calmement, normalement ça devrait passer.
    Emeric cracha bruyamment le paquet de compresses.
    -Ça va Répondit-il au bout de quelques minutes. Ça va.
    -On est prêt ? Lui demanda, une jolie jeune femme, avec un joli sourire et un regard explicite.
    « Tiens, je l’avais pas encore remarqué celle-là ! »
    Il se promit de la draguer plus tard, si tout se passait bien.

    Autour de lui tout le monde se mit à s’agiter, comme dans un mouvement de panique. L’excitation le reprit.
    Une fébrilité délicieuse qui lui rappelait son premier saut à l’élastique, mais en mieux. Il allait vivre une grande
    aventure, et il était le premier.

    Une vraie ruche bourdonnante où chacun savait exactement ce qu’il avait à faire. Il n’était plus qu’un pion, seul
    la technique les intéressait. ¨Personne ne faisait attention à lui en temps qu’être humain.

    Il entendit qu’on comptait à rebours.
    Puis
    -Contact…
    Il fût aspiré violemment par les pieds et tout son corps suivit.
    « Youpiiiie, c’eeeest géééniiaaaaall » ;

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    Il avait perdu l’ouïe et la vue, dans le noir et le silence, il se sentit glisser sans pouvoir s’arrêter, il avait froid, l’air était humide. Ça lui rappelait la sensation qu’il avait enfant, l’hiver, les longues glissades en luge. Puis se fut le choc contre quelque chose de mou et de bosselé à la fois, avec un bruit froissé.
    Il entendit un grand éclat de rires d’enfants. Un souvenir,? Ou est-ce que ces rirent étaient réels ?
    Il se retrouva bêtement à quatre pattes. Machinalement, il secoua la tête espérant remettre ses idées en place :
    -Et regardez : il s’ébroue comme un chien, dit une voix d’enfant. Il ne sut pas si les rires qui y répondirent étaient pour cette réflexion ou pour sa pomme.
    Il se mit assis rapidement se qui lui rendit pas sa dignité pour autant.
    Autour de lui tout étaient flou et blanc comme la neige. 
    « De la neige » ses yeux refonctionnaient à leur tour. C’était l’hiver.
    -Attendez les gars, on est vraiment pas sympa de rire comme ça, le mec il s’est surement fait mal  :
    Un garçon hilare, visiblement plus vieux que les autres, lui tendit la main pour l’aider à se relever. 
    Une fois debout, Il s’aperçu qu’il avait atterri contre un tas de sacs poubelles qui attendaient le passage des éboueurs
    « Bonjour la dignité ».
    Il était trempé.
    -Belle glissade hein m,sieur ? Dit le garçon en lui montrant du doigt le haut de la rue qu’il venait visiblement de dévaler à cause de la neige verglassée.
    -Merci !
    Une belle glissade en effet, il admira la très longue avenue en pente qu’il venait de descendre sur le dos. Il en ressentit une sorte de fierté.
     Il ne savait pas où il était, ni quand : Ces cons du labo avait “oublié’’ de le lui préciser. Et lui en inconscient qualifié, n’avait pas cherché à savoir. Mais peut être en fait que ces chers savants n’en savaient rien du tout ? Après tout ils pouvaient le faire revenir selon leur bon grès grâce à cette saloperie de traceur qu’on lui avait injecté, Alors quelle importance s’ils ramenaient un cadavre ? Il se retourna pour demander au groupe de gamins où il se trouvait –Après une telle chute, il avait le droit à une amnésie passagère- Mais ils avaient tous disparus.
     
    Le seul indice qu’il avait, c’était les vêtements démodés qu’il portait. Ils étaient à la mode quand il avait une dizaine d’années environ, ce qui lui donna une idée aproximative de la date où il se trouvait. Il fouilla dans ses poches, peut être y trouverait-il un indice, qu’une personne du labo un peu moins vacharde que les autres lui aurait glissé en douce. Rien, on ne voyait ça que dans les histoires. Il regarda les alentours, tournant lentement sur lui même plusieurs fois. La vue panoramique, lui donna le vertige, mais il y prit un plaisir étrange, qu’il n’avait encore jamais ressenti. De la douceur. La neige commença à tomber, doucement, puis rapidement, elle voleta plus fort, épaisse. Il écarta les bras et leva la tête vers le ciel les yeux grands ouvert pour la regarder tomber, comme il le faisait enfant. Ainsi ça lui donnait l’impression de vitesse, l’impression qu’il allait s’envoler. Puis il se mit à rire, pas comme un dément, mais comme un enfant qui découvre la vie. Tant pis si on le prenait pour un fou. Il avait enfin réalisé, reconnu les lieux : il était de retour chez lui.
     
    ***
    Il était dans ses souvenirs. C’était délicieusement troublant, fascinant. Il était émus et incapable de définir ce qu’il ressentait. C’était mieux que tout ce qu’il avait fait ces dernières années. Il n’avait probablement pas le temps de flâner. Alors il parcouru les rues de son ancien quartier en courant. S’arrêtant parfois en sautillant sur place comme un enfant surexcité, regardant partout, en prenant plein les yeux, tournant sur lui-même. Il était ivre de bonheur. Puis, sans l’avoir vraiment recherché, presque par hasard, il se retrouva près de chez lui. Alors la nostalgie l’envahit, Accompagnée de chagrin. Il pensa à tous ceux qu’il avait perdu depuis. Son père, son frère,  son meilleur ami, Steph, le rigolo de la bande, le super copain, celui que tout le monde vous envie, celui qui rit tout le temps et fait rire tout le monde, celui qui a le cœur sur la main“ le bon gros’’ comme tous le monde l’appelait. Steph, ce n’était pas « celui qui est gros » mais « le type le plus sympa du coin » c’était comme ça que tout le monde le voyait. Emeric ne bougeait plus, il n’avait plus envie de sauter ni de courir. Le sentiment, depuis longtemps oublié, était amer. Il avait perdu le même jour son meilleur ami Steph, et la douce Marie, sa petite Marie. Ils devaient se marier plus tard, quand ils seraient grands. Ce jour là, il n’était pas avec eux. Une route gelée, une voiture qui dérape, un conducteur accablé à vie, tout avait basculé en quelques minutes. Un jour comme celui-ci. Emeric rangea ses mains gelées dans ses poches, il était triste, aussi opprimé que dans son souvenir. « !!?? » Il sortit la main de sa poche qu’il croyait vide pour regarder ce qu’il venait d’y trouver. De l’argent.  Des vieilles pièces, comme celles de son enfance. Une toute petite somme, juste de quoi s’acheter un journal. Pourquoi pas ? Ainsi il rapporterait un témoignage de son passage dans le passé.     
     
     

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    Il ne pu s’empêcher de renifler le journal dès qu’il l’eut acheté, la vendeuse le regarda en haussant les sourcils. L’odeur de l’encre et de papier lui était à nouveau familière.
    « Comment peut-on oublier des choses comme celle là ? Ces choses qui nous paraissent si anodine sont parfois plus importantes qu’elles ont l’air. »
    Il le caressait le journal comme on caresse le vieux jouet retrouvé que l’on croyait partie à la poubelle.
    -la date-
    Il regardait le journal comme on regarde une vieille photo retrouvée au fond d’un tiroir
    -la date -
    Il lu la partie visible du journal, sans déchirer le cercle de papier qui le maintenait plié :
    -LA DATE !!-
     
    « Aujourd’hui ! C’est aujourd’hui ! C’était aujourd’hui ! J’ai peut être le temps… Peut être le temps ».
    Il partit en courant, comme une bête affolée, manquant de glisser sur le trottoir enneigé.
     Il se rappelait du nom de la rue, elle était gravée en lui ; même s’il n’avait aucun souvenir de la semaine de l’accident, il ne se rappelait même pas du jour des obsèques de ses deux amis. Peut être parce que c’était trop douloureux pour lui.
    « Eh Connard !  Tu t’entraines pour les jeux Olympique ? » Lui lança un adolescent qu’il faillit renverser. Il ne l’entendit même pas.
     Il voulait sauver ses amis à tous prix, même s’il ne devait pas le faire, il savait qu’il n’avait le droit de changer le passé, c’était très dangereux. Mais tant pis. Il voulait le faire absolument.
    Il arriva à temps au bout la rue maudite. Il se figea en apercevant le groupe de trois amis qui s’amusaient à faire le maximum de buée en soufflant dans l’air glacé. Vivants ! Tout les deux, Steph, Marie, et un autre garçon  qui la tenait par la main.
     « C’est qui lui ? »
    Il reconnu son bon gros copain et la douce Marie. Mais il ne reconnu pas le troisième gamin, celui qui tenait Marie, sa Marie par la main.
    Il s’approcha lentement à la hauteur du trio, de l’autre coté de la rue.
    « C’est qui lui ? » Un sentiment de tristesse et de jalousiel’envahit. Oubliant un court instant ce qu’il était venu faire dans cette rue : sauver ses amis. Abattu, il regarda le trio sans bouger.
    Une femme poussa un cri, alors il réagit enfin, mais trop tard. Quelques courtes secondes de perdues qui aurait dû tout changer.
    -Noooon !!
    Son cri à lui alerta le trio, pas suffisamment à temps. Le bon gros attrapa les deux autres par leurs vêtements, et recula violement mais pas assez tôt. Le conducteur de la voiture essaya en vain de maitriser son véhicule. Il renversa le groupe et alla percuter un mur plus loin où il s’arrêta enfin.
    Il ne restait plus que les enfants sur le sol.
    La voiture avait heurté la fille, son petit corps était tout tordu et en sang.
    Les yeux mouillés Emeric s’approcha des enfants. Il s’aperçu qu’il boitait et que son pied était tordu, mais il s’en fichait. Il se mêla au groupe de voyeurs affligés qui ne savaient pas comment réagir.   Les deux garçons étaient penchés sur le petit corps abîmé.
    «- Steph …»
    Son ami était sauvé. Mais pas sa douce Marie. Pour elle il aurait voulu réussir, pour elle aussi.
    -Mais reculez Bande de vautour ! cria un homme. Et appelez une ambulance.
    L’homme s’occupa de la cheville massacrée de l’autre enfant qui sanglotait.
    Il était en larmes, plus pour la mort de la petite que pour sa cheville fichue.
    C’est alors qu’il se souvint : Il était avec eux ce jour là mais son cerveau avait tout effacé. Et il avait passé deux semaine à l'hopital, c'est pour ça qu'il n'était pas aux obsèques  de ses amis.
    Emeric regarda la scène, comme on regarde un film, il ne s’était jamais sentit aussi malheureux que depuis se jour là., Il découvrait la scène, en spectateur et en même temps il la revoyait avec les yeux de l’enfant blessé, en souvenir. Un souvenir, qui n’était pas le sien, mais qui était en train de le devenir.
    Il s’éloigna, accablé. Ce n’était plus du chagrin, c’était pire.
    Sa cheville lui faisait mal, une vielle blessure qui remontait à l’enfance, et qu’il n’avait pas quelques minutes auparavant.
    «Marie… »
    Il comprit alors avec dégout qu’il ne serait plus jamais l’athlète barge qu’il était. Il lui semblait même, sans rien y comprendre, qu’il ne l’avait jamais été. Cette idée s’ancrait en lui de façon irréfutable. Et il n’avait pas la douce Marie.
    « -Marie… »
     La douleur à la cheville lui irradiait dans toute la jambe, provoquant une violente douleur allant jusqu’à la nausée.
    « Migraine ! » il fouilla dans ses poches. Pourquoi ils ne m’ont pas laissé emmener des antalgiques ces cons !
    « Migraine ! »
    Des choses, des pensées qui n’était pas les siennes lui martelaient le crane, vrillant ses neurones, des chiffres, des équations étranges qu’il ne déchiffrait pas, des noms qu’il ne connaissait pas, des mots qu’il ne comprenait pas
    « -Professeur ? »
    Ce n’était plus une douleur, c’était plus que ça ! Beaucoup plus ! Mais quoi ? Il n’en savait rien. Il se sentit mourir. Plus aucun de ses sens ne fonctionnaient normalement. Tout vibraient : sa peau, sa vue, son ouïe. Il claquait des dents à s’en faire saigner les gencives.
     Il tomba à genoux, puis se recroquevilla sur lui-même comprimant son ventre. Si seulement cette horrible nausée pouvait se calmer ! Les sons étaient difformes, sa vue brouillés. Il voyait derrière un écran de larmes des badauds qui passaient près de lui. Mais tous l’ignoraient totalement.
    «-Mais marchez-moi dessus tant que vous y êtes ! Bande de salauds ! » Voulu-t-il leur crier
     Il ne pouvait demander de l’aide. Il allait y passé.
    « Bordel ! Qu’est-ce qu’ils attendent pour me ramener ?ça sert à quoi cette saleté de traceur qu’on m’a injecté ? Hein ? A quoi ? ! » Voulu-t-il hurler. Mais les mots ne sortaient pas de sa pensée.
    « -professeur ? »
    La voix venait de loin, de très loin.
    Dans un dernier espoir, il chercha à nouveau dans ses poches, qu’il savait pourtant vides. Vides ? Sa main tomba sur un objet en forme de cylindre.
    «  C’est quoi ce truc ? »
     Il le sortit de sa poche :
    « Une seringue ? »
    Elle contenait un produit noir apparemment visqueux.
    « Je me rappelle pas du tout qu’on m’en ai donné une, ma mémoire est foutue elle aussi »
    « Aïe ! Mais qu’est-ce que j’ai sur le poignet ? Un Cathlon ?! »
    « -Il suffit de brancher la seringue au Cathlon et d’injecter le produit, c’est aussi simple que cela » c’est ce que la voix de femme lui avait expliqué. Mais  quand ?
    « Quoi ? Mais qu’est-ce qui m’arrive, »
    Ne comprenant pas ce qu’il lui arrivait il s’injecta le produit.
    « tant pis »
     

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    Un tourbillon l’emportait ses pensées… décousues… :
     « … cheville… »…«… Douleurs… »… «… pas d’exploit… »...«… pas de prison… »…
    …«… pas d’expérience… !! » :
     
    -MAIS ALORS QU’EST-CE QUE JE FOUS ICI ?!
     
    -Professeur ?... Monsieur ?
    Il marchait à 4 pattes comme pour échapper « à quoi ? » ou pour rejoindre «  qui ? Ou quoi, ?»
    -Professeur ? Professeur…
    -Emeric ! Ça va Emeric ?
    Les voix résonnaient ; vibrantes, pénibles, étouffées.
    -Professeur ! Professeur répondez bon sang.
    Une violente crise de vomissement le prit.
    « Migraine »
    -Calmer-vous professeur, ça va aller !
    -Moi ?
    -Redresse-toi mon vieux ! Tu nous as flanqué une sacré frousse.
    -Mais je..«… ne suis pas professeur »
    « Ma cheville… fichue »
    « Pas de sport » « pas d’exploit » « pas de prison » « étude » « invention »
    -Mon chérie ça va,. ?
    La jolie infirmière qu’Emeric avait décidé de draguer se jeta à son cou, et l’embrassa tendrement.
    « Qu’est-ce que j’ai à mon doigt ? Une alliance ?»
    -Espèce d’imbécile ! Prendre de tels risques quand on est jeune marié !
    Dans le flou que ses yeux lui laissaient voir, il aperçu un homme de forte corpulence habillé de blanc.
    « Steph … ? »
    -Toi ? Demanda-t-il , perdu.
    Il ne reconnu pas tout de suite l’équipe de confrères et d’ami(e)s qui l’entouraient.
    Il eut très brièvement conscience que ses souvenirs étaient en train de changer.
    Puis n’en pouvant plus, trop de souffrances… il se laissa partir.
    -…rrriiic…
    Il entendit à peine qu’on criait son nom… le noir…le froid… le vide…
     

     

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    - Mais faites vite bon sang on va le perdre ! 
      
    Le jeune professeur se réveilla, dans un lit de draps blancs. Il reconnu tout de suite Stéphane son ami et confrère, ils travaillaient ensembles sur un projet tenu au secret : le voyage dans le temps. Ils venaient de faire la première expérience, et, apparemment, il avait faillit y rester.
    Le jeune professeur était marié à une ravissante jeune femme depuis quelques mois. : Comment s’appelait-elle ?  Il avait du mal à retrouver le prénom de sa femme, une amnésie passagère, qui ne durerait pas
    « Marie ? Non… pas Marie… Chagrin d’enfance douloureux »
    C’était un génie. Respecté, admiré, parfois envié. Une vie rêvée Toutefois il avait un grand regret, celui de n’avoir jamais eut le plaisir de faire des sports extrêmes, à cause de sa cheville qu’on lui avait détruite quand il était enfant. Un accident de voiture qui avait couté la vie de sa petite amie et faillit prendre celle de son meilleur ami si un type de l’autre coté de la rue n’avait pas crié. Si seulement il avait crié ne serait-ce qu’une seconde plus tôt, peut être que Marie serait encore en vie, et que sa cheville serait intacte ?
    Le jeune professeur avait tout ce dont on peut rêver. Mais pourtant, il lui manquait quelque chose :
    Souvent la nuit il rêvait qu’il faisait des choses complètement dingues, comme escalader les immeuble pieds et mains nus, il se jetait du haut des immeubles volant comme un oiseau au dessus des voitures. Des rêves étranges qui ressemblaient très réels un peu comme des souvenirs.
    Il avait travaillé longtemps au projet de voyage dans le temps associé à son meilleur ami, son bon gros comme il l’appelait.  Il avait insisté pour faire la première expérience lui-même, il avait voyagé dans le passé, il voulait revivre le jour où il s’était cassé la cheville. Il voulait éviter l’accident. Pour sauver Marie et pour être ce qu’il avait en secret toujours voulu être, Un dingue, qui se jette dans le vide accroché à un bout de tissus, ou qui marche dans le vide sur un bout de fil de fer tendu au dessus du vide.
    Il avait fait le voyage, risquer sa vie, pour empêcher qu’ un accident ne se produise. En y réfléchissant il dû admettre que sauver Marie était probablement son seul et unique but. Même s’il était marié et heureux. Il se fichait de la gloire, il se fichait des voyages dans le passé, quelqu’en soient les but.
    Il voulait changer sa vie son passé. Une force incontrôlable l’y poussait. Comme si ce type déjanté qu’il avait toujours rêvé d’être aurait dû être lui.
    Comme si cette autre vie rêvée était celle qu’il aurait dû avoir. Comme si c’était…
    La vraie !
     
    ***
     
    Mais il ne savait pas pourquoi.
     
    Ça n’avait pas marché.


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