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    " Le diamant de Sarah"  &1 :

     
     
     
     
     
     
     
     
    « Le temps ? Qu’est-ce que le temps ? Le passé n’existe déjà plus, le futur n’existe pas encore. Quant au présent, le temps de le nommer, c’est déjà du passé »
     
     
     
    Sarah était seule, enfin, face à la machine. Elle avait attendu d’être seule dans le laboratoire pour pouvoir faire ce qu’elle voulait faire depuis longtemps, très longtemps. Réaction infantile ? Peut être. Immature ? Surement. En tout cas, parfaitement rancunier. Une rancune tenace et presqu’aussi vieille qu’elle. Une envie de vengeance imbécile, qu’elle risquait de regretter, et elle le savait.
    Elle admira la machine de son seul œil valide   avec une immense fierté remplie d’orgueil. Elle la trouvait belle. Elle ÉTAIT belle: Une grosse boule transparente, aux facettes si nombreuses qu’elles semblaient illimitées. On aurait dit un gigantesque diamant.  
    Sarah n’avait besoin de personne pour la faire fonctionner, c’était Sa machine, Sa création. Même s’il avait fallut un nombre énorme de personnes pour la créer et la mettre au point.
     
    Elle programma l’engin à l’époque qui dominait ses souvenirs, à cette époque où elle n’était qu’une enfant timorée, bête, et laide incapable de se défendre, et harcelée par ses camarades de classe et ses petites voisines.  
    Cela avait commencé, par des moqueries, puis des insultes, et enfin des coups. Une véritable cabale perdue d’avance. Jusqu’au jour où les coups, plus violents que d’habitude l’avait envoyée à l’hôpital où elle s’était réveillée abimée avec une envie de tuer qui ne la quitterait plus.
    Si seulement on l’avait aidée, si seulement on l’avait encouragée à se défendre, à se battre !
    Les coupables avaient été punies, mais pas assez à son gout. Et la haine était toujours là dévorante et douloureuse.
     
    Dans le centre de rééducation, elle avait rencontré des personnes qui lui firent découvrir et admettre combien elle était intelligente.
    Le temps avait passé. Pour son entourage elle était heureuse, belle, épanouie, s’investissant dans son travail à fond, respectant tous ceux qui travaillaient autour d’elle, jusqu’aux agents d’entretien pourtant souvent ignorés. Mais elle seule savait que ce n’était qu’une apparence :
    A l’intérieur elle n’était que rancune et projet de vengeance.
    Pourtant elle était appréciée et admirée de tous.

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     "Le diamant de Sarah" &2

     

     

    Le gros diamant vibrait, lumineux produisant un léger bruit semblable à un vol d’oiseau.

    Il avait été conçu dans le seul but –du moins officiellement- d’observé le passé, et avait été baptisé « L’Historien ».

    L’Historien était enfin prêt à l’accueillir. Elle se plaça dans la matrice. De l’intérieur il était encore plus beau, elle le trouvait magnifique, la perfection de la beauté.  Elle contempla le labo au travers des facettes transparentes : Un caléidoscope géant.

    Le bruit d’ailes d’oiseaux vibrait dans le ventre du diamant. Il rentrait en elle, c’était désagréable et excitant à la fois, mais pas douloureux comme elle l’avait craint la première fois où elle l’avait testé pour un voyage d’une seule journée. Elle savait alors qu’elle ne risquait rien puisque la veille de l’expérience elle avait fait cette étrange rencontre avec elle-même. Elle(s) s’étai(en)t regardée(s) mais n’avai(en)t  rien dit.

     

    ***

     

    Elle devint brûlante, puis glacée, et soudain, elle éclata en milliard de morceaux transportés en arrière. Puis elle s’arrêta brutalement et les morceaux d’elle reprirent leurs places. C’était comme les nuits où on rêve que l’on tombe du haut d’une falaise et où se réveille en sursaut au moment où on atteint le sol.

    Elle resta immobile, respirant calmement, le temps de se reprendre. Elle vérifia que tout fonctionnait bien. Ses cinq sens et ses membres n’avaient aucun mal à l’exception bien sûr de sa main gauche, héritage de cette sinistre journée. Cette même journée ou elle avait été privée de la vue de son œil droit.

     

    Elle avait choisit une ruelle sombre et bouchée pour “atterrir’’ –il faudrait trouver un mot ça- Mais elle y penserait plus tard.

    L’impasse sombre et morte lui correspondait parfaitement. ; en phase avec son tempérament. Elle se souvint alors qu’elle s’y cachait souvent pour pleurer tranquille. Devant elle le mur qui fermait l’impasse semblait bouger légèrement comme lors d’un incendie où la chaleur semble déformer les choses. Pour revenir dans le présent il lui suffirait de traverser cette zone perturbée.

    L’Historien était là ! Invisible, présent et futur, futur et passé. Fascinant !

     


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    "le diamant de Sarah" &3

     

    Elle sorti de l’impasse, résolue. Elle n’avait aucun doute, aucun scrupule. Elle était décidée à allé jusqu’au bout, refusant l’idée du moindre risque.

    Elle prit brièvement le temps de contempler le lieu. Comment pouvait-elle expliquer ce qu’elle ressentait ? Cette étrange sensation ? Elle était dans son souvenir, comme dans un rêve et pourtant bien réel. A la fois passé et présent, identique et différent, réel et irréel. Comment expliquer ?

    -Plus tard !

    Elle n’avait pas le temps de chercher à décrire cette impression aussi difficile à décrire qu’une impression de déjà vécu. Elle referait l’expérience une autre fois, vers une autre période de sa vie…Plus tard.

    Elle était plusieurs mois avant l’agression. Elle trouverait la petite chef de la bande en premier. Celle qui en très peu de temps avait monté tout le monde contre elle, d’abord à l’école, puis dans leur quartier, facile, elles habitaient la même rue.

    De loin elle vit une gamine, sortant de chez elle, qui marchait tassée sur elle-même, le dos vouté. Elle portait une robe orange et laide que sa mère lui avait faite, une robe épaisse, courte à la jupe plissée alors que la mode à l’époque les voulait bleues, légères, longues et presque droites. Elle regarda l’enfant complexée avec dégout, comprenant presque pourquoi on la détestait autant. Elle se rappela alors pourquoi elle détestait les robes et la couleur orange.

    Un groupe de gamines habillées dernière mode la rattrapèrent. Elles l’entourèrent. La plus grande d’entre elles, pourtant la plus jeune commença à se moquer d’elle, parlant avec un ton de bébé afin d’être sûre de bien l’humilier. Elle reconnu son ancienne voisine. Les autres enfants suivirent, ensuite elles l’insultèrent, certaines lui crachaient même dessus. L’une d’entre elle avait amené un long élastique qu’elle lui fit claquer dans la figure. Elle rappelait s’en être plein à sa mère qui au lieu de la défendre lui avait répondu : « tu n’a qu’a te tenir tranquille, arrête d’embêter les autre ».

     Elle ne savait pas se défendre, ne savait pas répondre, le cerveau régulièrement lavé par des principes idiots. Elle en voulait à sa mère. Elle décida que si ce qu’elle allait faire la satisfaisait, elle irait plus loin, plus loin dans ses gestes et dans le temps. Peut être que si sa mère était morte plus tôt, peut être que si elle avait été adoptée elle aurait eut une enfance plus douce.

    Le groupe parti en rigolant, tenant des propos répugnant dans des bouches de filles aussi jeunes. La gamine en affreuse robe orange ne pleura même pas. Sarah comprenait pourquoi : A force d’être persécutée, elle s’était convaincu qu’elle n’existait pas vraiment, qu’elle n’était qu’une partie de la vie des autres, qu’elle faisait partie du décor.


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    "le diamant de Sarah " &4
     
     
    Elle suivit les merdeuses, le groupe finirait bien par se séparer. Elle regarda sa montre, elle était arrêtée. Elle supposa qu’il devait être prêt de six heures car les petites tortionnaires commençaient à rentrer chez elles les unes après les autres. La petite chef était enfin seule.
    -Rose !
    Elle n’avait pas reconnu propre sa voix, rauque, étouffée. Sarah savourait ce moment tant attendu. Dans quelques minutes elle serait libre d’une grande partie de ces mauvais souvenirs. Et elle retrouverait l’usage de sa main, et la vue de son œil droit.
    La merdeuse sautillait sur place, ravie de sa méchanceté. Elle la trouva immature et ridicule. Pourquoi celle là aussi n’était-elle pas détestée par les autres enfants ? Elle avait un comportement grotesque, Une vraie caricature.
    Rose s’arrêta, regarda autour d’elle comme pour s’assurer qu’elle était seule. Il n’y avait qu’elle et Sarah. Puis elle fit demi-tour et s’approcha de Sarah.
    -Bonjour Rose.
    Rose ne répondit pas. Elle la fixa. Ferma un œil, le droit, et fit une grimace. Puis elle repartit en pouffant de rire. Sarah avait remarqué que la fillette trop grande pour son âge tenait sa main gauche tordue, tordue comme était la sienne depuis l’agression.  Cette sale gamine venait de se moquer d’elle de son œil vide et de sa main tordue. Si elle avait eut la moindre hésitation avant cela, elle se serait envolée, totalement. Elle se retourna à son tour, et suivit Rose. Elle rentrait chez elle et s’approchait de l’ancienne maison de Sarah.
    La ruelle n’était pas très loin. Tout proche. Sarah marcha plus vite, arrivée tout prêt de sa proie, elle l’attrapa par les cheveux, et l’entraina violement dans la ruelle. Surprise, la petite Rose, ne cria même pas. Au fond de la ruelle le mur ondulait toujours, peut être un peu plus qu’avant. Elle lui attrapa le devant de son chemisier et la colla brutalement contre un mur. Et lui balança sa main tordue dans la figure, puis sa main valide. Deux belles paires de gifles. Peut être les premières de sa vie.
    Les briques qui bouchaient l’impasse se mirent à danser lentement. Sarah aurait voulu l’insulter, lui dire tous les reproches qu’elle avait à lui faire, lui dire qu’elle était Sarah et qu’elle venait du futur pour la punir. Mais elle n’en eut pas le temps. La môme venait de lui cracher à la figure. Alors sa main lâcha la chemise de Rose. Elle la retourna violemment contre le mur, le nez de la fillette se mit à saigner quand il s’écrasa contre la pierre . Sarah empoigna le foulard que Rose portait enroulé serré autour du cou, comme on saisit la poigné d’un sac, et elle fit tourner sa main, lentement, très lentement, formant ainsi un impitoyable garrot. Elle ne remarqua pas que le mur ondulait plus fort, comme s’il respirait. Elle ressentit un savoureux soulagement quand elle comprit que sa victime ne ferrait plus jamais de mal ni à elle, ni à personne d’autre: un liquide malodorant coulait le long de ses jambes, mouillant jusqu’à ses jolis souliers à la dernière mode.
     
    Brusquement Au fond de la ruelle, La vibration devînt plus forte. Les briques donnaient l’impression qu’elles allaient sortirent du mur. Le bruit d’ailes d’oiseaux résonna, et se transforma en crissements si fort que Sarah dû mettre ses mains sur ses oreilles. L’Historien avait une complication.
    Elle se précipita au travers de la zone trouble et mouvante si rapidement qu’elle ne vit pas la gamine à la robe orange qui venait d’entrer dans la ruelle.

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    " le diamant de Sarah" & 5:

     

    Son retour dans le labo fût brutal, l’Historien la rejeta violement, il semblait en colère. Il s’arrêta net sans en avoir reçu la commande.

    Tout tremblait autour d'elle. Elle pensa d'abords à un tremblement de terre, mais se rendit compte rapidement que le problème se situait uniquement au niveau du labo.

    Elle se précipita vers les ordinateurs pour comprendre d’où venait le problème. 

    Le diamant se remis à vibrer seul, sans avoir été programmé. Elle ne comprit pas tout de suite ce qui se passait, puis elle cria, un cri d’animal blessé, pendant que des pensées tels des fantasmes lui traversaient l’esprit. On l’avait accusée à tors de la mort de rose elle n’avait rien compris.  Elle voulait seulement se cacher une fois de plus pour pleurer seule, et elle avait vu le corps de Rose, et s’était enfui. Sarah réalisa qu’elle avait fait une erreur d’agir alors qu’elle était persécutée, fournissant ainsi un mobile au meurtre. Elle avait hésité pourtant. Elle aurait peut être dû agir bien avant, mais dans son désir haineux, elle voulait avoir le souvenir d'avoir apprit la mort de Rose.

    L’injustice, encore une de plus, l’avait conduite en foyer une véritable maison de redressement, là elle avait changée, obligée de se défendre dans se milieu de violence perpétuelle, puis se fut la descente aux enfers. D’agressée, elle était devenu agresseur. Des souvenirs lui remplissaient la tête qui lui donnait l’impression de vouloir éclater. Elle avait changé le passé mais pas comme le voulait ; tout était allé trop loin.

    Le diamant, pour qui elle vouait un véritable amour était en train de disparaître, tout disparaissait. Sa merveilleuse création se transformait en un monstrueux morceau de charbon. Elle s’acharnait de ses deux mains sur le clavier de l’ordinateur. Mais ne parvint pas à arrêter le processus enclenché. Pourtant tout avait été prévu. On pouvait annuler le voyage récemment effectué si le changement provoqué par celui-ci était trop important. Mais il fallait faire vite et avoir l’esprit acéré, c’était pour cette raison qu’il fallait une équipe complète pour encadrer l’opération, Afin d’être sûr qu’il y ait quelqu’un qui ne soit pas affecté par les changements dans la courbe perturbé du temps. Mais elle était seule. Seule et elle n’y comprenait plus rien, rien.

    « -Non, non, oh non ! »

     Son savoir s’évanouissait peut à peu. Ses souvenirs anciens et nouveaux se mélangeaient. Elle était à nouveau laide et bête comme dans son enfance si détestée, on ne lui avait jamais apprit combien elle était intelligente et belle, elle avait fait de la prison plusieurs fois, elle avait un bracelet à la cheville car elle n’avait plus le droit d’aller où elle voulait. Et elle vivait dans un appartement miteux, et dans ce nouveau temps, elle n’était plus qu’un agent d’entretient, Elle se méprisait car elle vidait les poubelles et récurait les chiottes. Elle regarda en larmes l’horrible tas de charbon qui avait été autrefois et ailleurs un magnifique et gigantesque diamant irisé.

    « Non, ne fait pas ça, je t’en supplie reste avec moi ; Je t’en prie. »

    Le labo n’était plus qu’un vieux bâtiment à l’abandon depuis qu’un couteux projet de recherche sur les voyages dans le temps avait échoué faute de cerveaux suffisamment brillant.

    Tout avait disparu.

    « Non oh non .revenez, revenez. »


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  • " le diamant de Sarah" épilogue:
     
     
     On la retrouva agenouillée au milieu d’un tas de poussière si noir qu’on aurait dit du charbon. Ses mains fouillaient dans la poussière. Sa figure en étaient couverts et les larmes y avaient fait des trainés de boues. Elle tenait des propos incohérent.
    « Revenez,… pitié mon diamant… » Reviens
     
    On l’avait retrouvée grâce au bracelet fixé à sa cheville.
     
    ***
     
     
    Le médecin de l’hôpital psychiatrique observait la nouvelle patiente par la vitre épaisse de la chambre sécurisée dans laquelle elle était enfermée. Recroquevillée à terre, elle se balançait sans arrêt de nuit come de jour, ne dormant presque jamais, répétant toujours les mêmes choses. Un cas désespéré. Il actionna le haut parleur afin d’écouter ce qu’elle criait dans son délire. Toujours les mêmes discourts parmi lesquels elle suppliait un diamant magnifique et irisé de revenir.
    Décidément il ne comprendrait jamais ce que ça voulait dire.
    Résigné, il ferma le haut parleur, tira le rideau de la fenêtre pendant que la patiente hurlait de désespoir après ses anciens souvenirs et contre les nouveaux.
    Puis il haussa les épaules, et tourna les talons. D’autre patient avaient besoin de lui.
     
     
     
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