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    < trilogie rouge : Herrick

    Il était inquiet, il n’aimait pas quand Herryck le laissait seul pour aller chasser. S’il lui arrivait malheur ? S’il tombait sur quelqu’un qui pouvait se défendre ? Il avait beau lui dire que rien ne pouvait lui arriver, et que vu sa condition il serait toujours le plus fort, il ne parvenait pas à le rassurer. Jamais encore il n’était resté si longtemps partie. Franck se sentait responsable d’une certaine façon. La proie de ce soir avait quelque chose de particulier. En plus de la raison habituelle, il s’agissait se soir d’une promesse qu’Herryck lui avait fait un soir où il c’était confié à lui. Il s’agissait d’une vengeance.
     Que deviendrait-il s’il disparaissait ? Il était la première personne à lui avoir témoigné de l’affection.  Même si ça n’avait pas toujours été le cas au départ. Contrairement à Herryck qui se punissait avec son passé, Franck évitait de se souvenir de sa vie d’avant, il préférait vivre dans le présent. Il l’aimait bien cette époque, il l’aimait tellement qu’il aimait même les gents qui s’en plaignaient. La plupart se plaignaient la bouche pleine. S’ils avaient vécu un siècle au paravent, ils auraient vue ce que c’étaient que le malheur. On envoyait les enfants au bagne pour avoir voler un bout de pain. On y foutait même des orphelins quand on ne savait pas quoi en faire. On y battait à mort des enfants qui mangeaient leur fromage avant leur soupe infecte. Le bagne ! L’enfer ! Au diable les mauvais souvenirs ! La seule chose qu’il en gardait c’était cette phrase de Jacques Prévert qu’il avait fait tatouer le long de son avant bras gauche : « Tout autour de l’ile il y a de l’eau, au dessus de l’ile on voit les oiseaux. » En voyant ça, Herryck avait piqué une crise de colère mémorable.
    « Mais qu’est-ce qui t’as pris ? Non d’un chien ! Nous ne devons pas avoir le moindre signe distinctif bon sang. Tu mériterais que je te tape dessus. Attends qu’Edgard voie ça, lui il n’hésitera pas à te flanquer une bonne raclée. Et je ne pourrais rien faire ou dire pour l’en empêcher. »
    Mais Franck aimait ces gents qui luttaient contre les injustices quelqu’en soit la manière. Et le poème lui avait plu quand qu’il l’avait lu, bien qu’il ne fût plus concerné depuis longtemps.
    Il évitait de s’attarder sur les souvenirs de ces années de souffrances. Même si ce n’était pas facile, quand un souvenir a décidé de venir vous pourrir les pensées, il s’accroche de toutes ses forces et il est difficile de le chasser. Et ce soir, il se sentait comme englué dans ses souvenirs Il se souvenait de l’époque où il errait dans les rues. Après l’enfer. Comme il était encore mineur, on l’avait placé en apprentissage chez un cordonnier, en lui faisant comprendre que s’il se conduisait mal, on le replacerait en foyer d’éducation. Cette fois encore on avait détruit ses espoirs. On le traitait comme au bagne, alors, il s’était enfui une fois de plus, pour la même raison que toutes les autres fois ; pour échapper aux coups, et parce qu’il en avait assez de servir d’esclave. Mais cette fois il y avait une autre raison, une chose qui lui prendrait beaucoup de temps avant de pouvoir en parler. Pourtant, il avait été assez fort pour se défendre, peut être trop, peut être était-il un assassin cette fois-ci ?
    Il avait erré plusieurs jours dans les rues de la ville avec la peur et la faim au ventre. Puis il était entré dans une maison qu’il croyait vide. Une grande et belle maison de gens riches. Il espérait pouvoir calmer sa faim et voler quelques petites choses, un peut d’argent. Juste un petit peu de bonheur pour lui aussi. La maison était si peu meublée qu’il la cru complètement abandonnée. Il visita toutes les pièces du rez-de-chaussée avant de tomber sur la cuisine. Il n’y trouva qu’un peu de nourriture. Très peu de pain et fromage sec qu’il dévora avec avidité. Puis il en garda un peu qu’il mit dans sa poche. Dans une des chambre il trouva des bijoux qu’il contempla un long moment devant la fenêtre en faisait jouer la lumière du soleil sur les pierres précieuses. Puis il les remit à leurs places. Dans une autre pièce il trouva une maigre somme d’argent qu’il mit dans sa poche sans hésiter. Puis comprenant que la maison était belle et bien habitée, il décida de s’en aller avant le retour du où des propriétaires. Il comprit vite que la maison n’était pas vide. Une main l’avait attrapé par l’oreille au moment où il allait ressortir avec son maigre butin en poche. Un homme l’entraina sans ménagement et l’enferma dans la cave malgré ses protestations. Il avait tellement eut peur, qu‘il avait mouillé son pantalon. Il s’était blessé aux genoux dans dévalant les trois marches descendantes, et s’était usée la voix en appelant à l’aide. Pourtant, il avait peur que les gendarmes l’emmènent. Mais il avait peur aussi de cet homme dont il n’avait pas vu le visage. Au bout du troisième jour d’enfermement il cru qu’on l’avait oublié et qu’il allait mourir de faim et de soif. Il avait tout mangé du peu de nourriture qu’il avait volé à la hâte. Il ne craignait plus de voir arriver les gendarmes, si l’homme avait voulu les prévenir, ce serrait fait depuis longtemps. Qu’allait-il faire de lui ?

     

    à suivre : Georges>





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