• Je peux compter sur toi? &6

      

     

     

    Danica se jeta sur lui à peine arrivé au boulot.

    -J'ai pris sur moi de faire des recherches sur le copilote : j'ai passé quelques coups de fils, et j'ai trouvé quelque chose de très intéressant.

    -... ?

    -Une idée comme ça ! Le copilote était un dealer, on a trouvé de la drogue chez lui il y a peut-être de quoi creuser de ce côté-là.

    -Et j'ai pu retrouver l'adresse de la veuve, enfin, celle de son frère et sa belle-sœur elle habite chez eux depuis sa sortie de l’hôpital.

    Peu de temps après Ils étaient sur place.

    Une jeune femme d'une vingtaine d'années les reçu :

    -Ma belle-sœur se repose, elle ne peut pas vous recevoir, et puis, je ne permettrais pas qu'on la dérange, c'est assez dur pour elle.

    Le ton employé était dur, et apparemment rien n'aurait pu la faire céder.

    -Je comprends. Compatit Mathias. Je ne suis pas là pour l'embêter . J'aurais besoin de renseignements. Mais avant de lui parler vous pouvez peut-être me renseigner à sa place, ça m'évitera de la déranger, honnêtement je n'y tiens pas.

    -Vous êtes bizarre comme flic, compatissant et compréhensif, vous êtes un cas rare.

    Il préféra ignorer, et enchaîna :

    -Je voulais qu'elle me parle du copilote de son mari, avez-vous, des choses à me dire sur le sujet ?

    -Frank ? Ce petit con, je ne l'ai jamais aimé. Trop poli pour être honnête. Et je ne vois pas ce que je pourrais vous dire de plus. Les flics ont trouvé la drogue, ça a permis l'arrestation de plus gros « poissons ? » C'est bien comme ça que vous dites ? Et le petit con a disparu de la circulation

    -C'était avant ou après l'accident.

    -Après. Vous pensez que c'est lié ? Avec mon mari nous nous en sommes doutés, Frank et Jean-Michel se sont engueulé, on a jamais su pourquoi. Mais ce que je sais, c'est que mon beau-frère a menacé Frank d'aller voir les flics. Puis comme par hasard, Il y a eu cet accident. Enfin, si on peu appeler ça un accident, Mon beau-frère était un excellent conducteur, et il était très prudent, contrairement à d'autre qui se croient sur un circuit sur toutes les routes. On ne comprend pas comment il a pu avoir un tel accident seul, c'est impossible.

    -Et vous n'en avez pas parlé au moment de l'enquête ?

    -Bien sûr que si, mais les gendarmes n'ont rien voulu savoir. Ça avait parfaitement l'air d'un accident et rien ne pouvait laisser croire le contraire, il n'y avait que nos doutes et rien d'autre.

    -Très bien, conclu Danica dès qu'ils eurent franchi le portail. Reste plus qu'à retrouver ce fameux Franck. On a un coupable idéal, il a voulu empêcher son copilote de le dénoncer. Une fois qu'on aura réglé cette affaire ton fantôme pourra...

    - ...

    - Oh Gréco ! Tu m'écoutes ?

    L'enfant était là au coin de la rue, il le regardait avec une moue d'enfant trahi .

    - Mais c'est pas ça que je veux ! »

    - Alors quoi ? Qu'est-ce que tu veux ?

    Danica ne lui répondit pas comme l'aurait fait n'importe qui d'autre à sa place. Elle savait que la question n'était pas pour elle.

    L'enfant se volatilisa pour réapparaître de l'autre côté de la rue. Mathias se précipita pour le retrouver, et traversa sans regarder. Une voiture faillit le renverser, elle pilla net. Le chauffeur s'acharna sur l'avertisseur Il sortit de la voiture en colère, effrayé à l'idée de ce qui aurait pu se passer :

    -Tu peux pas faire attention ! Si tu veux te suicider choisi un autre moyen! Espèce de Connard !!

    Mathias ne l'entendit même pas. Blessé par ce regard et cet air malheureux. Il voulait voir l'enfant, lui parler, qu'il lui explique enfin ce qu'il voulait de lui. En fait, sans l'admettre, il craignait de ne plus le revoir.

    Mais l'enfant ne l'avait pas attendu. Il lui avait tourné le dos et s'était enfui.

    Mathias tourna au coin de la rue,le petit Maxime avait disparu.

     

    ***

     

    Le soir il rentra chez lui,déprimé, il aurait voulu appeler. Mais il savait qu'il ne lui répondrait pas. Il s'allongea dépité sans prendre le temps, ou le courage, de se déshabiller. Il se retourna vers le mur où une immense photo de Catherine lui souriait. Comme si elle pouvait lui apporter un quelconque réconfort. C'était tout ce qui lui restait d'elle :

    « Où es-tu ? Catherine ? Pourquoi tu ne me donnes pas de nouvelle de toi ? »

    Comme des centaines de fois déjà, il s'endormit en posant cette question désespérément sans réponse.

     

    ***

     

    Une lueur au milieu de la nuit, ou peut être plus tard, ni froid, ni souffle, juste une lueur.

    L’enfant était là au pied de son lit. Ses yeux changeaient de couleur. Mais ils ne devenaient pas noir, comme ils le devenaient chez ses visiteurs mécontents. Cette fois-ci ils devenaient rouge, un rouge vif et sanglant. Puis des larmes se mirent à couler sur le visage du petit fantôme, des larmes de sang, les larmes coulaient sur ses joues, tachaient sa chemise, son pantalon, ses chaussures.

    Mathias se réveilla brutalement, et ne pu s’empêcher de crier. Cette fois-ci au moins, il était sûr d’avoir rêvé, Mais il en fût troublé une bonne partie de la journée.

     

    ***

     

    Il resta chez lui, la journée entière. Il n'avait jamais eu de migraine aussi violente, une vrai torture, qui s'ajoutait aux questions, aux doutes, et peut-être aussi à ce qu'il ne voulait pas reconnaître, la psy avait probablement raison. Il s'accrochait à un sentiment autant qu'il en rejetait l'idée.

    Une migraine à en crever. Il savait qu'un mal de tête présent au réveil le suivrait toute la journée.

    Il passa sa journée recroquevillé sur le lit, la tête enfouie dans l’oreiller, gémissant par moment, étouffant un sanglot à d'autres.

    « Catherine ».

    À aucun moment il ne vit l'enfant transparent qui veillait sur lui, et qui tendait parfois le bras vers lui comme pour lui caresser la main.

     

     

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