• &2: le cobaye

     

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    La position n’était pas inconfortable bien au contraire. Sous sa coupole de verre, le siège faisait relax,
    Mais il n’appréciait pas du tout d’être sanglé comme un animal. Même si c’était « pour sa sécurité »
    Être le premier humain à voyager dans le temps lui avait paru excitant, mais le fait qu’on avait désiré un détenu
    pour le faire lui laissait un vague doute affreux. Pendant plusieurs jours on lui avait fait des misères. Des examens
    de toutes sortes avec des tonnes de prélèvements et d’injections. Vu l’habileté des infirmières, il avait vite comprit
    qu’il servait de “ terrain d’entrainement’’ aux nouvelles recrues. Heureusement pour lui il ne craignait pas trop la
    douleur.

    -Aïyeu !
    - Qu’est-ce que vous êtes douillet vous alors ! Lui beugla l’infirmière qui s’énervait sur son bras.
    « Pauvre grognasse ! »
    La « grognasse » venait de lui éclater une veine (encore une) en lui plantant une aiguille dans une veine du poignet.
    Il n’en avait plus beaucoup de disponible. Heureusement pour lui, il en avait une bonne réserve au départ. Des
    belles veines facilement piquables ! Maintenant il avait les bras enflés et couverts de bleus. Et les chevilles aussi
    car on avait commencé à lui attaquer les jambes. « Bande de nulles ! ».

    Pour tout arranger, il sentait qu’un mal de tête commençait à l’agacer. Ce n’était vraiment pas le moment.
    Il en souffrait depuis son enfance. Il ne se souvenait même pas de la première fois, il était trop jeune pour s’en
    rappeler.

    -Vous écoutez c’que j’vous dis oui ?! »
    Il se retourna vers l’acariâtre et lui décocha son plus beau sourire.
    -Te fatigue pas mon bonhomme, ça marche pas avec moi.
    « De toute façon vu ta tronche de bouledogue, je ne vois vraiment pas comment on pourrait en avoir envie »
    -Bon, reprit-elle, la perf’ est en place. Je vous fais l’injection, serrez des dents ça va chauffer un peu.
    « Aïe ! » Il pensa à toutes les fois où on lui avait promis que « ça ne faisait pas mal ». A chaque fois on lui avait
    mentit

    -Et il y a quoi dans vos sachets ?
    L’un contenait un liquide d’un jaune douteux et l’autre une substance noire qui semblait épaisse. Elle vérifia si les
    sachets remplis de liquides était bien accrocher, déclampa le tuyau relié au sachet jaunâtre en faisant tourner la
    mollette qui bloquait le liquide. Celui-ci commença à s’écouler goutte à goutte. Puis elle tourna les talons sans lui
    répondre. Il commençait à en avoir l’habitude. Un type affreusement ridé en blouse blanche s’approcha de lui :

    « On dirait un fromage qui serait resté trop longtemps dans la faisselle ».
    Impossible de savoir si c’était un médecin. Personne ne se présentait jamais.
    Le grand sec au visage de sharpeï examina le flacon l’air abstrait tout en tripotant un paquet de compresses défait
    qu’il tenait dans ses mains :

    -Celui qui commence à se diffuser contient plusieurs choses : De simples substances de confort, pour vous éviter
    les inévitables désagréments tels ; des crampes, nausées vomissement, douleurs oculaires, tremblements, sensation
    de brûlures et dans votre cas, des migraines. Vous voyez, nous n’avons pas oublié que vous souffrez de migraines.

    « Moi non plus, connard ! »
    Le triste paquet de compresses passait d’une main à l’autre du grand sec pendant qu’il donnait ses explications.
    Émeric reconnu que le produit était efficace car son mal de tête avait déjà disparu. On ne lui avait peut être pas
    complètement menti.

    L’homme en blouse blanche rangea les compresses à moitié défaites dans sa poche, en sortit un carré de tissus se
    moucha bruyamment et remit le morceau de tissus dans la même poche. De l’autre poche, il sortit une seringue et
    piqua le tuyau de la perfusion
    - là, j’y rajoute des nanoparticules qui éviteront que vous ne vous disloquiez pendant le voyage. Quant au deuxième sachet, le noir, il s’agit d’un traceur, afin de ne pas vous perdre. En principe ça devrait fonctionner…

    « En principe ? »
    …Nous pourrons ainsi vous ramener facilement si vous mettez trop de temps à revenir.
    -Comment ça si je mets trop de temps ? Le temps ne sera pas le même ici et « là bas ».
    -Ne croyez pas ça. Je vois qu’on ne vous a pas bien expliqué la chose…
    «ah ouais ?  Sans blague ! »
    …si vous pensez pouvoir passer plusieurs heures, voir plus, dans le passé et revenir ici dans cinq minutes dans
    le présent, vous vous trompez. Le temps que vous passerez « là bas » comme vous dites, sera exactement le même
    qui se déroulera ici. Si vous restez une heure là bas quand vous reviendrez ici, il sera exactement une heure plus tard. Et maintenant ouvrez la bouche.

    Emeric hésita surpris par cette demande.
    -Allez ouvrez ;
    Il obéit. (il n’avait guère le choix)
    L’homme à la tête de Sharpeï sortit le paquet de compresses de la poche au mouchoir et le lui colla de force dans
    la bouche.

    « Poche…mouchoir…Bêêêrrkk ! Vieux dégueu… »
    -Mordez ! Mordez fort lui dit-il en lui donnant une petite claque sur la joue.
    Puis il saisit la poche contenant la substance noire, et la pressa entre ses mains.
    La douleur fut instantanée, et horrible. Le corps du cobaye se tétanisa entièrement. Trois à quatre secondes pas plus
    mais il eut l’impression que ça avait duré longtemps, beaucoup plus longtemps. Le front en sueur, il reprit sa
    respiration qui s’était bloquée pendant ce court instant.

    -Ça va ?
    Tout son corps vibrait à l’intérieur, mais ça ne ce voyait pas.
    -Respirez calmement, normalement ça devrait passer.
    Emeric cracha bruyamment le paquet de compresses.
    -Ça va Répondit-il au bout de quelques minutes. Ça va.
    -On est prêt ? Lui demanda, une jolie jeune femme, avec un joli sourire et un regard explicite.
    « Tiens, je l’avais pas encore remarqué celle-là ! »
    Il se promit de la draguer plus tard, si tout se passait bien.

    Autour de lui tout le monde se mit à s’agiter, comme dans un mouvement de panique. L’excitation le reprit.
    Une fébrilité délicieuse qui lui rappelait son premier saut à l’élastique, mais en mieux. Il allait vivre une grande
    aventure, et il était le premier.

    Une vraie ruche bourdonnante où chacun savait exactement ce qu’il avait à faire. Il n’était plus qu’un pion, seul
    la technique les intéressait. ¨Personne ne faisait attention à lui en temps qu’être humain.

    Il entendit qu’on comptait à rebours.
    Puis
    -Contact…
    Il fût aspiré violemment par les pieds et tout son corps suivit.
    « Youpiiiie, c’eeeest géééniiaaaaall » ;

    à suivre >>


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