•    

     

        -Je peux compter sur toi ?  
     La voix de l’enfant réveilla Mathias. En grognant, il cacha sa tête sous l’oreiller. Avant même d’avoir ouvert les yeux il savait ce qu’il allait voir. Ce n’était pas la première fois que l’un d’entre eux lui rendait visite.
    “ Eux’’ c’étaient les esprits, les fantômes, il ne savait pas trop comment les appeler. On lui rendait souvent visite depuis qu’un pédophile lui avait tiré dessus alors qu’il essayait de sauver une petite fille. La petite était sauvée, le salaud était mort, mais lui, il avait bien failli y passer. Il avait traversé le tunnel, flou, brumeux. Il avait vu les silhouettes irréelles et pourtant présentes. Au loin, la voix de Danica lui ordonnait de se battre, de revenir. Il s’y était accroché, il était revenu. Mais on l’avait accompagné. 

    Je peux compter sur toi? &1

     

    -Je peux compter sur toi ? 
    La voix de l’enfant était plus insistante, mais pas capricieuse. Il inspira un bon coup, comme pour se donner du courage, se dégagea de l’oreiller , ouvrit les yeux, et s’assit pour finir de se réveiller. Ce n’était pas la première fois qu’un enfant lui rendait visite. Mais celui-là était de loin le plus jeune de tous ses visiteurs. Quel âge pouvait bien avoir ce petit bout de choux au sourire charmeur ? Deux ans, trois ans ? Quatre tout au plus.
    La vue du fantôme transparent de cet enfant, le rendit triste. Si Catherine et lui avait eut un enfant il aurait probablement l’âge de celui-ci. Les apparitions ne lui parlaient jamais. Une fois seulement il avait entendu une petite fille qui chantait. Mais jamais on ne lui avait parlé directement. 
    -Est-ce je peux compter sur toi ? Insista l’enfant sur un ton espiègle. C’était sa “mission’’ depuis qu’il était revenu de la mort. Il s’y était résigné. Il sourit à l’enfant et répondit avec tendresse : 
    -Oui bien sûr, je suis là pour ça. 
    -Approche, souffla l’enfant. En se dirigeant vers le lit.
     Mathias se pencha en avant en remontant le drap contre lui.L’enfant lui fit signe avec la main de pencher sa tête. Mathias s’exécuta perplexe. Le petit tendit sa main au-dessus de la tête de Mathias, y posa les doigts qu’il fit marcher : 
    -Un, deux, trois, quatre… Ça y est ! J’ai compté sur toi. Puis il disparu.   
    Mathias sourit, amusé. Si les fantômes s’amusaient à faire des blagues maintenant…    





    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique