• chapitre 3

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    Et c’est là qu’elle voit une dernière plaque qu’elle n’avait pas remarquée. Elle est posée le long du mur et est emballée dans un tissu gris ce qui explique peut être pourquoi elle était passée inaperçu, à moins que ce ne soit la fatigue. Elle entreprend donc de déballer cette dernière plaque. Et ce qu’elle trouve lui fait échapper un cri d’admiration Elle ne s’attendait pas à faire une telle découverte. C’est un tableau en parfait état, le portrait d’une jeune femme assise sous un arbre ; Elle à l’air heureuse, elle porte sur elle une robes identique à celle qu’elle vient de mettre de coté. Elle a de longs cheveux bruns comme les siens. Et sur ses genoux, elle tient un petit chat qui a une drôle de couleur. C’est un petit chat beige, comme ce cher Tabakine, et on jurerait que le tableau à été peint dans le parc de la maison. Mélanie est subjuguée. Mais ce qu’elle ne remarque pas tout de suite, c’est que la jeune femme lui ressemble étrangement.

    Elle place soigneusement le tableau dans une pièce encore inoccupée, en espérant bien l’accrocher au mur.

    Et le soir, elle se couche encore plus fatiguée, espérant bien dormir cette fois-ci. Mais là encore, elle passe une nuit épouvantable. Et elle est persuadée que c’est l’absence de son mari qui la mais dans un tel état.

    Dans son sommeil, elle entend des voix, comme la pour la nuit précédente. Mais la différence, c’est que cette fois-ci, elle comprend ce quelle disent.

    Ces voix l’appellent à l’aide, la suppliant sans relâche. Ce sont des cris déchirants, terrifiants, et elle ne trouve la paix que lorsque son bébé se met à pleurer pour son biberon de la nuit.

    En le prenant dans ses bras, elle se confond en excuses, persuadée que se sont ses pleurs qui se sont transformés en cris dans son sommeil, et que son petit ange l’appelle depuis longtemps. Une fois son rôle de mère accompli, elle retourne se coucher. A peine endormie, les voix recommencent :

    -Aide-moi, je t’en supplie !

    C’est plus une supplique qu’un ordre.

    - Aide-moi, je t’en supplie.

    C’est une voix de femme qui l’appelle, la voix est encore jeune, et quand elle ne parle pas elle pleure.

    Mélanie se rend bien compte qu’elle est endormie, comme dans un rêve lucide, comme il nous arrive d’en faire parfois, et dont elle essaie de se réveiller sans y parvenir. Puis une voix d’homme vient s’ajouter à celle de la femme. Mais là c’est encore pire, les cris sont ceux d’un être terrorisé. C’est insupportable. La voix est plus pressante, contrairement à la voix de femme, ce sont plutôt des ordres qui sont donnés, mais ces cris-là, ne semblent pas lui être destinés :

    -Ouvrez-moi ! Par pitié !

    Ce sont les cris d’une personne enfermée prise de panique et qui suffoque. Et elle a l’impression d’étouffer elle aussi.

    Puis tout d’un coup la voix se met à hurler. Ce qui la réveille en sursaut totalement paniquée.

    Elle a la ferme impression que la voix a continuée d’hurler alors qu’elle était réveillée. Elle se précipite dans la chambre de son enfant, persuadée qu’il a lui aussi entendu quelque chose car il pleure très fort, ce qui ne lui est jamais arrivé.

    A peine est-elle entrée dans la chambre du petit ange que les cris du bébé se sont arrêtés d’un coup. A la seconde même elle se dit que son enfant c’est étouffé en pleurant. Et c’est les larmes aux yeux qu’elle entre dans la chambre du nourrisson. Mais quand elle entre dans la chambre du petit, elle constate avec soulagement que l’enfant va bien. Elle est un peu surprise car le bébé est passé de pleurs soutenus à des gazouillis d’enfant ravi. Mais qui la choque, et qu’elle n’avait pas remarqué tout de suite, c’est que le berceau se balance tout seul. On dirait que quelqu’un berce l’enfant, mais il n’y a personne, et l’enfant est bien trop petit pour faire balancer son berceau tout seul. Alors qu’elle s’apprête à prendre son enfant dans ses bras celui-ci s’est déjà rendormi. Elle conclue qu’elle a fait un cauchemar et que se sont ses propres cris qui ont réveillés son enfant. Mais elle ne retourne pas se coucher dans sa chambre, elle reste dans la chambre du bébé, et s’installe sur le petit canapé à deux places qui permet à un adulte de s’installer confortablement dans la chambre de l’enfant.

    Le lendemain, elle se réveille totalement épuisée, physiquement et moralement, ne comprenant toujours pas ce qui lui arrive. Mais après une bonne douche, elle est à nouveau en forme. Puis en se séchant les cheveux devant le miroir de la salle de bain, elle trouve qu’elle ressemble un peu à la jeune fille du tableau, ce qui ne la surprend pas, car, comme elle a hérité de la maison, il n’est pas impossible qu’elles aient un lien de parenté. Elle décide alors de se coiffer comme elle. Et l’effet est époustouflant. Ça la change complètement, et le résultat lui plait, et elle adopte cette nouvelle coiffure bien qu’elle soit démodée.

    Quelques jours plus tard, le dimanche, à la sortie de l’église, elle est abordée par une dame âgée qui se déplace dans son fauteuil roulant. Il s’agit de la centenaire du village.

    - C’est fou ce que vous lui ressemblez coiffée de cette façon. Lui annonce-t-elle sûre d’elle.

     Si se n’était de son handicape pour la marche, la vieille dame, se porte comme un charme, et à gardé toute sa tête. Mélanie, intéressée par cette révélation, à donc envie d’en savoir un peu plus. Mais avant de pouvoir lui poser la moindre question, la centenaire se retourne et interpelle une de ses amies légèrement plus jeune qu’elle.

    -Ririne ! Viens voir. N’est-ce pas qu’elle lui ressemble ! Comment donc qu’elle s’appelait déjà ?

    Mais au lieu de répondre l’autre s’empare du fauteuil et pousse la vieille dame et s’éloigne en déclarant rapidement.

    -Tu perds la tête voyons ! Ne raconte donc pas de bêtise.

    Mélanie trouve ce comportement exagéré et assez peu charitable.

     Et elle en reste troublée, d’autant plus que d’autre personne parmi les plus âgées et qui ont assistées à la scène semble la dévisager. Mélanie sait qu’elle ressemble à la jeune fille du tableau, et elle suppose que ces vieilles dames l’ont probablement connu. Mais pourquoi a-t-on empêchée la vieille dame de parler ? Voilà qui a de quoi rendre curieux n’importe qui, même la personne la plus indifférent. Mais comment faire pour se renseigner ?

    Puisque les vieux du village semblent cacher quelque chose, elle décide donc de se joindre à eux. Mais pas tout de suite, elle va laisser les choses se tasser un peu le temps que cette incident ce soit effacé. Pour commencer, abandonner cette coiffure qui a jeté le trouble.

    C’est une Mélanie aux traits tirés que Marc retrouve quelques jours plus tard. Il mettra ça sur le compte de son absence et elle ne lui dira rien des évènements qui lui ont perturbés ses nuits, d’autant que depuis le retour de ses hommes, comme elle les surnomme, les phénomènes étranges ont complètent cessés, mis à par Tabakine, qui se “ caresse contre le vent’’.

    Afin de côtoyer plus facilement les anciens, Mélanie s’est joint à eux au club des anciens qui à lieu tous les jeudis. C’est un club où les anciens se retrouvent pour jouer aux cartes et divers jeux de société, organisent des sorties et toutes les autres choses qui occupent se genre d’association. Comme les autres “jeunes’’ qui accompagnent les clubistes, elle y aide ceux qui ont le plus de difficultés à se mouvoir, leurs prépare et leur sert le café et les petits gâteaux, chante avec eux, et fait parfois le “quatrième’’ aux jeux de cartes quand il en manque un, elle y systématiquement demandée car elle excelle en la matière. C’est ainsi qu’en discutant avec ses aînés, qu’elle va apprendre petit à petit des choses intéressantes, très intéressantes.

    L’histoire qu’on va lui dévoiler, au cour de ses après midi passés au club, à tout l’air d’un cliché de roman de bas étage. Mais en y réfléchissant bien, ce genre histoire devait être des plus fréquentes dans ce début de siècle.

    Elle apprend qu’avant d’être abandonnée, la maison était habitée par une famille de petite noblesse sur le déclin. Déclin causée par une mauvaise gestion du patrimoine familiale amassé par les générations précédentes. Ce qui signifie en fait que le chef de famille se contentait de vivre de ses rentes en dilapidant sa fortune aux jeux, et avec de jeunes filles qui faisaient le commerce de leurs charmes, le tout vous pensez bien joyeusement arrosé d’alcool.

    Cette famille avait deux filles, qui avaient sept ans de différence. L’aînée de santé fragile, était du genre réservée, très pieuse et se réservait à une vie monacale. Projet contrarié par l’emprise paternelle qui décida de marier sa fille contre son grès, ce qui était la tradition de l’époque, avec un veuf richissime, et d’âge un peu avancé et boiteux de surcroit. Inutile je pense de chercher bien loin la raison de ce choix.  Le mariage sans enfant dura quelques courtes années, et ce jusqu’au décès prématuré de mari. Décès survenu leur d’une visite de plusieurs jours dans la famille de l’épouse. Une coïncidence qui fit marcher les langues, car la fortune dont hérita la jeune veuve alla renflouer la fortune famélique du père, qui n’hésita pas à remarier sa fille moins d’un an plus tard. Celle ci mourut l’année suivante en mettant au monde un enfant qui ne survécut que quelques jours.

    En entendant un tel récit, Mélanie s’estime chanceuse de ne pas avoir vécu à cette époque où ce genre de drame était le lot quotidien des jeunes filles de “bonne famille’’.

     

    Les nuits suivantes, les voix reviennent hantées ses nuits. Elle se demande si ce ne serait pas les fantômes, de la jeune femme et du mari qui fut vraisemblablement assassiné par son beau père dans cette maison. Elle se demande si le mari n’aurait pas passé ses dernières heures dans cette même chambre ou elle est en train d’essayer de dormir. A-t-il été empoisonné ? Ou l’a-t-on étranglé ? Ou peut être est-il mort d’une chute dans les escaliers ? Puisse qu’il boitait s’aurait été facile de faire passer ça pour un accident. Peut être l’a-t-on étouffé avec son oreiller ? Décidément cette histoire lui a donné des idées morbides. Mais après tout il s’agit de sa famille. Et elle veut tout savoir. Elle essaiera de parler à la centenaire.

     Dans son sommeil une petite voix implore sans cesse :

    - aide-moi, je t’en supplie.

     

     

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