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    Dès le lendemain, elle décide de rendre, le jour même, une visite de courtoisie à la centenaire du village qui avait tant envie de lui parler. Seulement voilà, quand la vielle dame ouvre la porte, elle ne sait pas trop quel prétexte lui donner pour cette visite impromptu. Mais la vieille dame ne semble pas surprise le moins du monde.

    -Entrez voyons, entrez !

    -Merci, je passais dans le coin et je...

    -Mais non, mais non. Vous vouliez me parler. Entrez, entrez. Venez donc prendre le thé avec moi. Ça me fera de la compagnie. Asseyez-vous le temps que j’aille chercher l’eau.

    La vieille dame bien que très âgée, est pleine d’énergie, ce qui est plutôt exceptionnel à cette époque, et elle semble n’avoir besoin de personne pour recevoir ses invités. De plus elle manipule son fauteuil avec une grande habilité.

    La vieille Dame reviens avec un plateau sur les genoux chargé d’une théière ; deux tasses et des petits gâteaux ; Je les fais moi-même dit elle avec fierté en servant le thé.

    -vous savez, je comprends que vous ayez envie d’en savoir plus sur votre famille, car la maison appartenait bien à votre famille ? C’est se qui se raconte dans le village.

    -En fait il s’agit d’une partie de ma famille dont je n’avais jamais entendu parler.

    -Et bien moi je vais vous en parler. La Ririne m’en a empêché l’autre jour à la sorti de l’église. Mais j’ai encore toute ma tête et je sais ce que je dis.

    Puis sur le ton de la confidence, et avec un petit rire, elle ajoute en parlant plus bas comme si elle craignait qu’on l’entende :

    -La Ririne, elle n’aime pas que je l’appelle comme ça, mais je le fais exprès, pour l’embêter, c’est le diminutif de Zéphyrine, et elle à horreur de son prénom.

    -Zéphirine ? C’est pourtant un joli prénom, c’est très original.

    -C’était un prénom à la mode à l’époque. Il y a plein de prénom comme celui là qui ont disparus. Mais revenons à notre histoire. Qu’est-ce que vous savez déjà ?

    -Et bien j’ai appris que mon probable aïeul après avoir gaspillé sa fortune a, je dirais, vendu sa fille aînée, deux fois à des vieux messieurs fortunés, espérant ainsi récupérer leur argent. 

    -C’est malheureusement exacte. Cela arrivait souvent en ce temps là, c’était hon-teux .

    Puis avec enthousiasme elle ajoute. C’est une bonne chose que les jeunes se révoltent à notre époque. Après une telle envolée de la vieille dame, Mélanie se demande ce qui à pu lui arriver dans sa jeunesse. Mais elle garde bien de le lui demander.

    - Vous savez Mélanie. Je peux vous appeler par votre petit nom ? Je suis née à la toute fin du siècle dernier et j’en ai vu des changements dans ma vie. Le vieux Grigou, tout le monde l’appelaient ainsi Après la mort de sa fille aînée, la malheureuse enfant, que dieux ait son âme, enfin, s’il existe, après une très courte période de deuil, le monstre, a jeté son dévolu sur Miriam sa plus jeune fille. Mais celle-ci non seulement n’avait pas le même tempérament que sa sœur, mais avait déjà un amoureux secret. Vous pensez qu’elle n’allait pas se laisser faire. Et c’est là que cette histoire devient taboue. Car le père avait trouvé un vieux riche, prêt à épouser la jeune fille espérant ainsi une descendance, de préférence masculine afin de perpétré le nom. Je pense qu’il est inutile de réfléchir bien longtemps au sort qui lui était réservé. Un accident est si vite arrivé. Vous suivez mon résonnement, n’est-ce pas.

    -En effet, et dire que je fais partie d’une telle famille. Se désole Mélanie.

    -Pas tout à fait mon petit, pas tout à fait. La console la vielle dame, pas en ligne directe.

     Mais pour en revenir à notre histoire, le pèreà séquestré la petite, prétextant qu’elle était malade, mais personne n’était dupe. Tout le monde savait bien qu’il l’avait enfermée pour la garder jusqu’au mariage.

    -C’est vraiment triste, ça a dû être affreux le jour du mariage.

    -Et bien non, car le mariage n’a jamais eu lieu.

    -Jamais ? Mais alors que c’est-il passé ?

    Ça ... ( ?) ... En tout les cas, on peut être sûr que le vieux grigou, je l’appelle toujours ainsi, n’est pas revenu sur sa décision, c’est certain. Ce qui c’est réellement passé, personne ne le sait malheureusement. Certain disent que la pauvre enfant est morte de chagrin, et d’autre, qu’elle s’est enfui avec son amoureux, car voyez-vous, lui aussi a disparu, et ce du jour au lendemain.

    -Donc c’est probablement ce qui c’est passé.

    - Ma foi non, c’est bien triste mais je ne le pense pas.

    La vieille dame s’arrête de parler un moment, comme pour reprendre son souffle. Ou comme si ce qui va suivre, lui pèse énormément. 

    «- ce qui me fait douter, c’est que les parents n’ont lancé aucune recherche pour les retrouver. Car si les deux tourtereaux c’étaient enfuis ensemble, le père aurait fait remuer ciel et terre pour les rattraper.

    -Donc l’histoire se termine par la mort prématurée de ma jeune aïeule.

    -Je crains bien que oui. Réponds la vieille Dame.

    Pourtant en disant cela, elle garde un air mystérieux, comme si l’histoire ne s’arrêtait pas là. Elle marque, là encore, un temps d’arrêt, puis elle reprend :

    - Reste maintenant à savoir comment la jeune fille est morte,

    -Vous ne pensez tout de même pas que son propre père y est pour quelque chose ?

    -J’en ai bien peur, si. Car voyez-vous, si sa sœur à été inhumée dans le parc de la propriété, il n’y a rien qui ressemble à un tombeau en ce qui la concerne, elle. Et il y a encore un fait intéressant , c’est que le lendemain même de la disparition du jeune homme, la mère de la petite est soi-disant tombée malade à son tour, et elle  n’a plus jamais reparue dans le monde.

    -C’est troublant en effet.

    -Et comment !  Car la malheureuse est morte quelques mois suivant...  Dévorée par la folie.

    -Mais alors que s’est passé ? Demande Mélanie. « Est-ce que son mari à donné des explications à quelqu’un ?

    -Rien du tout ! Il a quitté la région avec armes et bagages comme on dit. Après quoi la maison est allez à son frère, qui est venu s’y installer avec sa famille, mais ils n’y sont pas resté longtemps, ils en sont reparti aussi vite qu’ils étaient venu s’y installer Ce qui est encore plus curieux. C’est qu’ils aient gardé la maison. Le fils et le petit fils sont revenus de temps en temps.

     

    On les a vu retourner le jardin à maintes reprises comme s’ils cherchaient un trésor. Mais ils ne sont jamais retournés dans la maison.

     

    Puis une nuit des jeunes gens sont entrés dans la maison abandonnée, pour y faire on ne sait quelles bêtises. Et ils ont déclaré avoir entendu des voix, il s’est dit qu’ils en seraient sortie plus vite qu’ils n’y étaient entré. Peut être avaient-ils bu avant, mais peut être pas, car la chose s’est reproduit quelques mois après. Après ça, on disait que la maison était hantée.

    La doyenne se tait un moment, comme pour laisser à Mélanie le temps de digérer la nouvelle, puis elle reprend :

    -Voyez-vous, les pires choses se sont dites depuis. On dit que le père aurait assassiné les deux amants, ce qui est plus que probable. Quand à la façon dont il se serait débarrassé des corps, il s’est dit à peu près tout et n’importe quoi. Le jardin a été retourné bien des fois depuis, et rien n’a été découvert. Les gens ont été jusqu’à dire que le vieux grigou se serait débarrassé des corps en les découpant en les dévorant, d’ou la folie de son épouse. Mais à mon avis, il se pourrait que les amoureux soient toujours dans la maison. Le ton employé par la vieille dame met Mélanie mal à l’aise mal à l’aise, mais elle n’en montre rien.

    Une fois rentrée chez elle, Mélanie se sent oppressée et pour cause. Ainsi, il se pourrait qu’il y ait deux cadavres où plutôt deux squelettes cachée dans sa maison. 

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    Le soir même. Une fois son grand garçon mis au lit, elle raconte toute l’histoire à Marc, en se gardant bien de lui parler des voix qu’elle entend chaque nuit. Contrairement à ce qu’elleattendait de sa part, il l’écoute attentivement, sans l’interrompre, intéressé. Elle aurait pourtant parié qu’il lui aurait sommé de laisser là ces ragots, mais non. Il reste un long moment pensif. Et c’est là qu’il lui avoue que depuis qu’il est rentré il rêve toutes les nuits d’un homme enfermé dans un réduit étroit en train d’étouffer, et qui le supplie de les sauver lui et Miriam.

    -Miriam ? Tu as dit Miriam ? S’étonne Mélanie « Mais je ne t’ai pas dis comment elle s’appelait.

    Le trouble ne quitte plus le couple, et ils vont discuter une bonne partie de la nuit, de ces faits stupéfiants. Mais ce qu’ils ne remarquent pas, c’est que pendant qu’ils discutent, Tabakine, leur chat, semble les regarder avec une étrange lueur dans les yeux qu’il garde mis clos, et passant de l’un a l’autre à  chaque fois qu’ils prennent la parole. Comme s’il était intéressé par ce qu’ils disaient. Très intéressé. Etrange pour un chat, vous ne trouver pas ?

    La nuit suivante, ce n’est pas des supplications qu’elle entend. Mais plutôt une demande plaintive :

    - Mon médaillon, rendez-le moi s’il vous plait. Rendez-moi mon médaillon.

    Le lendemain, Marc se dirige vers la mairie afin de consulter les registres en prétextant vouloir réaliser l’arbre généalogique de sa femme. Après de longues recherches, il parvient à obtenir les renseignements qu’il recherche. Il trouve la date du mariage des parents, les dates de naissances des deux filles, la date du décès de l’ainée, mais il ne trouve rien concernant celui de la cadette.

    Puis il va à la gendarmerie, où on le prend guère au sérieux, que faire de ses révélations, pensez donc ! Des vagues soupçons sur des faits datant du début du siècle. Il se rend bien vite à l’évidence que les gendarmes ne peuvent pas faire grand chose avec ça.

    De retour à la maison, il décide de faire lui même des recherches. Pas question de rester dans le doute. L’idée qu’il y a probablement deux cadavres d’assassinés dans sa maison lui est absolument insupportable, Et à Mélanie aussi. Mais par où commencer ? Où chercher ?

    C’est alors que le chat Tabakine, va jouer un rôle important dans cette affaire.

    Marc tout comme Mélanie avait remarqué plusieurs fois que ce chat avait un drôle de comportement, par exemple sa drôle de manie de faire de courts allé-et-venu en arrondissant son dos, penchant la tête et ronronnant comme un fou, comme s’il se caressait contre le vent.

    Puis cette autre façon de miauler en regardant le vide, comme quand quelqu’un lui parle.

    Et aussi cette passion exagérée qu’il s’est pris pour une vieille étole rose qu’il a lui même récupérée dans la poubelle, et qu’il ne veut pas  que l’on touche. Et cette manie qu’il a de...

    -Quoi ? demande Mélanie, voyant Marc soudainement pensif.

    -Le mur.. 

    Il y a une pièce encore inutilisée, où presque, une pièce minuscule sans fenêtre qui ne peut servir que de débarras et où le chat passe des journées entières et que mélanie à surnomer “ la chambre du chat’’ et où il se frotte continuellement contre un mur toujours au même endroit, à cet endroit précis le mur est griffé, les chats ont tous plus où moins cette sale manie de griffer les murs pour marquer le territoire, mais Tabakine lui ne griffe que cet endroit unique et très précis dans toute cette grande maison.

    -Il y a quelque chose de caché dans le mur et le chat le sent.

    -Mais enfin lui répond la jeune femme, ce n’est qu’un chat.

     Mais Marc s’en tient à son idée.

    Il y a quelque chose derrière le mur de la chambre du chat.

    Et c’est armé d’une lourde masse et sous les yeux effarés de sa femme, qu’il entreprend de défoncer ce mur. Mur qui casse facilement compte tenu de l’épaisseur habituelle des murs d’une vielle maison comme la leur. Ce sont de simples briques qui cèdent sous les coups, le mur n’est vraisemblablement pas d’origine.  Après avoir fait un énorme trou à plus d’une mètre cinquante de hauteur, il entreprend de dégager le plus grand nombres de briques à la main. Il n’enlèvera rien d’autre. Il y a un petit réduit derrière le mur, éclairé d’une lampe de poche Marc se penche au dessus de ce qu’il reste du mur, et étouffe un juron, puis il ajoute.

    -On les trouvés.

    Une fois sur place, les gendarmes découvriront les ossements de deux personnes encore jeunes. Deux malheureuses victimes enlacées, impossible de savoir lequel est mort dans les bras l’autre.

    Le chat, lui est venu se lover à leurs pieds.

    Plusieurs mois ont passé, tout le village s’est cotisé afin d’offrir aux amants maltraités une sépulture décente. Mélanie à fait mettre la belle de mousseline rose dans le cercueil, et y a déposé le joli médaillon.

    Elle finira enfin à se décider à accrocher le tableau de son aïeul, Une belle jeune fille heureuse qui lui ressemble, dans une belle robe de mousseline rose, et... chose qu’elle n’avait pas remarqué.. Un drôle de petit chat beige sur les genoux.

    Mais au fait, Tabakine, qu’est-il devenu ?

    Etrange !  

    Il n’y a plus de Tabakine !

    Vraiment étrange !

    Disparu Tabakine ! 


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    << Quelle drôle d'ambition


    Le lendemain, elle se retrouvait sur une route désertique à attendre un bus qui ne venait pas dans un abri inefficace contre le froid. La température avait chuté brutalement depuis la veille, et il tombait un mélange de pluie et de neige. Sacha avait froncé le nez quand elle avait su où Ellie devait se rendre exactement :
    -Quoi ?! C’est perdu là-bas. C’est ravitaillé par les corbeaux.
    -C’est un peu loin d’ici, mais je serais tranquille, pas trop de monde à côtoyer, je préfère ça Elle ne parvînt pas à rassurer son amie, pas plus qu’à la convaincre.
    -Surtout n’hésite pas à m’appeler en cas de problèmes. Au moindre souci, promis ?
    Et elle promit.

    Elle avait voyagé en train une grande partie de l’après midi puis s’était installée dans le pseudo abris de bus.
    La gare avait fermée. C’était la fin de la journée
    Le vent froid passait à travers les parois cassées et de l’eau lui coulait dessus car il pleuvait. Elle regarda l’heure et constata que le bus était en retard. Alcide lui avait donné sa propre montre. Et Ambre lui avait donné un joli pendentif juste avant qu’elle monte dans le train – un porte bonheur.
    Après avoir attendu une bonne heure de plus que prévue, elle accepta enfin le fait que le bus n’arriverait jamais. Il avait cessé de pleuvoir, alors elle ramassa les deux sacs qui contenaient toutes ses affaires. Elle n’avait plus le choix, elle devrait marcher pendant une dizaine de kilomètres, et sur le coté gauche de la route, le coté droit étant impraticable, donc impossible de faire du stop, du moins pour l’instant. Courageuse, elle se dit que c’était faisable. Peut être que plus loin elle pourrait changer de coté, et espérer arrêter une voiture. Au bout de deux kilomètres elle regretta sa décision, se traitant de tous les noms. Il s’était remis à pleuvoir, et marcher sous la pluie sur une route de campagne …

    Elle vit enfin une voiture, qui malheureusement venait face à elle. La voiture roulait beaucoup trop vite, et elle n’avait pas la place de se décaler sans tomber dans le fossé. La voiture la croisa au niveau d’une énorme flaque d’eau qui l’éclaboussa entièrement, une grande vague qui passa au-dessus d’elle, impressionnant ! En d’autre circonstance, elle aurait trouvé ça drôle. Là, c’en était trop ! Plus question à présent d’espérer monter dans une voiture, personne ne la prendrait dans cet état. La voiture s’arrêta plus loin et fit une marche arrière sauvage, comme si on voulait l’éclabousser une deuxième fois. Comment pouvait-on être aussi méchant ! Elle faillit en pleurer. La voiture s’arrêta près d’elle. Le conducteur, un homme d’une bonne vingtaine d’années avec un beau sourire désolé, s’allongea sur le siège passager afin d’ouvrir la portière.
    -Vraiment, je suis navré, je vous ai mis dans un triste état. Je vous emmène ?
    Il était plutôt beau garçon, pourtant elle préféra décliner l’offre car il n’allait pas dans le bon sens
    - Vous avez tort, la route est encore longue, vous êtes ballée comme une bête de somme, et nous allons au même endroit.
    - Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
    -Simple déduction, notre employée doit arriver ce soir, et il n’y a que vous sur la route. Vous êtes Ellie ? N’est-ce pas ?
    -Oui c’est bien moi.
    -Je suis Raoul, Raoul Jéckil .Allez, grimpe !
    « Tiens, il l’avait tutoyée »
    - Je, je suis trempée.
    -Je sais c’est de ma faute.
    - Et mes sacs ?
    - Il descendit de la voiture et la débarrassa des sacs qu’elle portait, pour les mettre dans le coffre.
    Il lui ouvrit la portière et l’invita à s’asseoir avant de reprendre le volant.
    -Quel temps de cochon, c’est vraiment n’importe quoi la météo, l’hiver s’éternise ; ici il pleut à verse alors que chez nous c’est tout blanc. Je suis désolé, j’aurais dû venir vous chercher plus tôt. J’ignorais que le bus ne passerait pas, je suis venu dès que j’ai appris. Je peux vous appeler Ellie.
    -Oui, je préfère, en fait mon vrai nom c’est Aliénor, je n’aime pas du tout, c’est petite nièce d’une amie qui ma surnommée Ellébore parce qu’elle n’arrivait pas à dire mon nom, et c’est vite devenu Ellie.
    -C’est vrai que c’est plus jolie.
    Le voyage fut plus long que prévu. La route était boueuse, et la neige venait de remplacer la pluie, rendant la conduite difficile. Un camion les doubla à vive allure, éclaboussant le pare-brise d’eau boueuse.
    -Quel cochon ! Pesta Raoul en actionnant le lave-glace.
    Une vraie odeur de mandarine se diffusa dans la voiture.
    -C’est de la mandarine ?
    -Oui, c’est nouveau, acquiesça-t-il, en souriant. Il y a plein de nouveaux parfums, Et très bien imité en plus : Vanille, violette, et les deux derniers : tarte aux citrons, et chocolat. C’est parfaitement inutile, ça donne faim, mais ça se vend comme des petits pains.
    Elle fronça du museau, Elle ne s’imaginait pas parfumant sa voiture à la violette.
    Il neigeait de plus en plus fort et les flocons semblaient frapper le pare brise à l’horizontale. Elle se demandait comment Raoul arrivait à conduire dans de telles conditions.
    Raoul n’arrêtait pas de parler, lui racontant tout ce qui c’étaient passé ces deux dernières années : les évènements tragiques étaient malheureusement les plus nombreux. Il meubla le silence qui aurait pu s’installer entre eux en lui parlant des nouveautés, livres, films, musique. Sacha s’en était déjà chargé. Mais elle le laissa faire, comprenant qu’il ne cherchait qu’à engager la conversation, et lui changer les idées, c’était gentil de sa part. Elle le savait au courant de ses déboires passés. Il essaya même de la faire rire lui racontant les quelques dernières blagues à la mode, où des anecdotes récentes. Dépitée, Elle parvint tout juste à sourire.
    -Je suis désolée, je ne sais plus rire, s’excusa-t-elle.
    -Ce n’est rien, ça va revenir. J’ai connu ça moi aussi.
    Son regard s’assombrit, et elle comprit…

     

    *****
     


    Il s’engagea enfin dans une allée bordée d’arbres serrés les uns contre les autres, au bout de laquelle se trouvait, une ancienne maison avec une petite tour accrochée à son coté droit. Tout était recouvert d’une neige épaisse et récente, parfaitement blanche.
    -C’est beau n’est-ce-pas ? Dit-il avec fierté.
    -En effet, c’est une belle maison.
    Ils descendirent de la voiture, et pendant qu’ils récupéraient les sacs du coffre, une énorme boule de neige vint la frapper .
    -Je suis désolé, ce n’est pas vous que je visais. C’est ce garnement qui vous a laissé sous pluie et la neige pendant des heures. Vous êtes trempée !
    L’homme qui venait de prononcer ces mots semblait fâché mais pas en colère. Il vint à leur rencontre
    Il était très grand, droit et sombre. Il tendit lui tendit la main, en se présentant, Ludgor Hyde.
    -C’est un prénom ancien du 18ème pour être précis, précisa-t-il en voyant sa surprise.
    Il avait la main glacée à cause de la neige.
    Raoul attrapa les deux sacs et l’invita à entrer.

    Il lui montra l’endroit où elle allait loger, Un vrai appartement sur deux étages, situé dans la tour.
    Il l’invita à entrer dans le petit hall d’entrée au rez-de-chaussée. La porte avait tout du charme ancien avec sa lucarne vitrée protégée par une arabesque en fer forgée. . Sur la gauche il y avait un petit meuble à tiroir, sur la droite, une porte ouvrant sur la résidence principale. Raoul lui affirma qu’elle serait seule à en avoir la clé, elle pourrait entrer dans leur appartement pour y faire ce pourquoi ils l’avaient embauché, par contre, eux n’auraient en aucune façon accès à son logis, elle trouvait ça rassurant.

    Après qu’ils aient grimpé un escalier en colimaçon, Raoul lui présenta les lieux d’un air embarrassé :
    _Voilà, vous avez un semblant de salon-cuisine, et au dessus chambre, salle d’eau, et un “truc’’ qui peut faire office de débarras ou de bureau.
    _C’est parfait, J’aime beaucoup, sincèrement.
    _C’est un peu froid l’hiver, et chaud l’été. Et j’avoue que le mobilier est vieillot, on se croirait dans un appartement rétro. On n’a jamais pu trouver de locataires. Je me demande bien pourquoi.
    Il y avait comme une touche d’ironie dans sa voix au moment il prononça cette dernière phrase.
    C’était vrai que c’était vieillot, un vieil évier blanc en émail rayé une gazinière antique, et un petit frigo faisaient face à un meuble de cuisine en bois qui n’était pas de dernière jeunesse. Entre les deux, une table de cuisine recouverte d’une toile cirée en bonne état mais aux motifs démodés. Et au plafond une lampe avec un abat-jour à la couleur indéfinissable, tellement ancien qu’on avait l’impression de faire un saut dans le temps rien qu’en le regardant : il était plat en verre avec les bords ondulés.
    _Il parait que ça vaut une vrai fortune dans les brocantes, pourtant Ludgor ne veut pas s’en séparer, je me demande bien pourquoi ?
    _Ça me change de ma cage. C’est exactement ce qu’il me faut.
    Au-dessus la chambre était minuscule mais avait un grand lit à baldaquin avec des tentures rouges. Ce qui faisait irrationnel dans une pièce aussi petite.
    _Il en a qui aime s’excusa Raoul, moi ça me met mal à l’aise. Je déteste cette pièce, elle est oppressante. Quand à la salle d’eau, elle est dans le même style que la cuisine.
    Il y avait tout le “confort’’ En espace réduit, très réduit :
    _Voilà, dernier cri, toilette et lavabo spécial gastro, et là vous pouvez vous brosser les dents dans le lavabo en même temps que vous prenez votre douche dans la vieille baignoire sabot. Encore un vestige, notez que vous aurez le choix , à condition d’aimer prendre son bain assis.
    Elle posa ses sacs de voyage dans la chambre, remettant à plus tard le rangement dans l’armoire au bois noirci par le temps. On se serait vraiment cru dans le passé.
    Quelques instants plus tard, après s’être douchée et changée, elle était dans le grand salon, en compagnie de ses deux employeurs en train de savourer une bonne grosse tasse de chocolat chaud...
    _Ludgor fait le meilleur chocolat du monde, je n’en ai jamais bu de meilleur. Déclara Raoul, en prenant sa tasse de liquide brun-rose.
    _C’est vrai qu’il est bon. Dit-elle après l’avoir goûté.
    _ Ça fait des années que je m’exerce, répondis Ludgor d’une voix monocorde, J’ai …Ma touche personnelle. Puis il enchaîna sans transition « Nous avons appris que vous avez eut quelques mésaventures des plus déplaisantes. Sachez que nous en sommes désolés. Nous vous comprenons, Raoul à eut par le passé des ennuis de ce genre. Aussi nous éviterons d’en parler. Et effectivement ce fut la première et la dernière fois que le sujet fut abordé. La conversation changea brusquement de direction débutant sur le travail qu’elle aurait à faire. Puis sur des choses plus communes, quelques banalités d’usage, comme on dit souvent histoire d’agrémenter la conversation.
    Elle s’occuperait, du ménage et du linge elle pouvait s’occuper du sien en même temps car il n’y n’avait pas ce qu’il fallait à l’étage, et elle préparerait le repas du soir, pas du petit déjeuner, car ils se levaient très tôt touts les deux. Et enfin on verrait plus tard si elle pouvait aussi s’occuper de la paperasse, car ils détestaient ça autant l’un que l’autre. Tant qu’on ne lui demandait pas “autre chose’’ ça allait. Ludgor rajouta que comme elle serait seule la journée la plupart du temps, et comme ils partaient très tôt, elle n’aurait qu’à se servir de la salle de bain si elle le souhaitait, ce qu’elle avait chez elle étant de piètre qualité.

    Ludgor se leva pour débarrasser les tasses et, au passage, passa délicatement sa main dans les cheveux de Raoul, elle se dit à ce geste, qu’effectivement ils ne risquaient pas de lui demander « autre chose ».
    Puis il ajouta :
    « Demain vous vous occuperez du linge, et de la poussière, inutile de vous lever aux aurores, et vous trouverez deux ou trois bricoles dans votre frigo. »

    Que des choses positives, en somme. Ellie se sentait, confiante, étrangement confiante, anormalement confiante. Tout semblait parfait.
    Et cela ne l’alarma même pas.

     

    à suivre >> Nouvelle vie






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